Amnesia, la nouvelle boîte de nuit de Johnny où tout le monde est VIP


LE MONDE | 02.10.03 | 13h40  •  MIS A JOUR LE 02.10.03 | 13h57
C'est un gros cube d'un blanc immaculé, érigé sur le parvis de la gare Montparnasse, à l'ombre de la tour. On ne se rappelle pas avoir vu cet étrange monument auparavant. Un rayon laser s'en échappe et transperce, en toute simplicité, la nuit parisienne. Dehors, un petit millier de personnes se pressent, contenues par des barrières. Devant, les invités ; autour, les badauds, tout aussi nombreux. Chacun est venu assister à l'inauguration de l'Amnesia, la discothèque de Johnny Hallyday. Il n'est que 22 heures, mais pour y pénétrer, il faut affronter une marée humaine. Dans la queue, on commence à s'inquiéter. A gauche : "Il paraît que c'est insupportable à l'intérieur. Ils ont lancé trois mille invitations pour mille cinq cents places." A droite : "Un second charter d'invités arrive à minuit. Ça va être l'enfer." Certains chanceux ressortent déjà : "Le champagne est tiède, c'est pas la peine." Les ingrats... Abandonne, abandonne pas ? Sûre de sa notoriété, Mia Fry, l'ex-chorégraphe de "Pop Star", tente alors une percée. Elle est arrêtée en pleine course. "Tout le monde est VIP ici, madame, ou presque." Téléphone portable à l'oreille, une jeune femme tente de rassurer ses amis : "Je connais Massimo, si j'arrive à le joindre, on peut entrer, mais il est sur boîte vocale." Dur ! De l'autre côté des barrières, les curieux observent le ballet, forcément ridicule.
Johnny a donc décidé de se lancer dans la nuit, dans le "clubbing", comme on dit aujourd'hui. C'est lui la star ce soir, plus que le prince Emmanuel de Savoie, son associé, ou André Boudou, son beau-père, à l'origine des déclinaisons françaises du concept Amnesia. Le décor ressemble d'ailleurs à celui du Cap- d'Agde : du blanc, toujours ; des palmiers, parfaits ; des coussins, dodus, sur les nombreux gradins qui entourent la piste de danse.
Un hybride de villa méditerranéenne et de discothèque, trop propre encore pour avoir l'âme d'un club. C'est un peu le problème de la soirée, qui, pour l'instant, ressemble davantage à un plan média qu'à une nuit de folie. Caméras dedans, dehors, pour filmer l'arrivée des "stars": Danièle Gilbert, Greg "Le Millionnaire" et son amie, et surtout Nikos. Soulagement, le présentateur vedette de la "Star Academy" est enfin arrivé, ses poulains l'attendent à l'intérieur pour parler avec Johnny. Re-caméras et fin des attractions. Que se passe-t-il alors ? Rien, évidemment, ou si peu. Philippe B, le DJ, joue de la house music, comme il l'a promis lundi soir sur Canal+, parce que "c'est plus commercial, alors que la techno c'est binaire et ça casse la tête". Les artistes apprécieront la nuance. Il est 23 heures, l'open bar est terminé, on débarrasse illico les petits fours, chaque verre coûte désormais 15 euros au minimum. Lundi, sur Canal+ également, Johnny déclarait avoir envie d'un lieu comme il les aime, apprécier la nuit parce que les gens y sont différents. Si l'on en croit les critères de sélection et le nombre de caméras de surveillance, à l'Amnesia, l'aventure n'est pourtant pas au coin du pilier. Quoique, Philippe Lavil surgit à l'instant...
Odile de Plas
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 03.10.03