24/08/2004

Le goût des autres
Le concert vient juste de se terminer, et les gradins encore chargés de l'émotion de la symphonie qui s'achève. Les applaudissements redoublent, toujours approvisionnés par le septuagénaire assis devant nous, qui semble avoir été plus emporté que nous par la musique.
Pix se penche avec un sourire complice vers Sally, L'émerveillée, et Lyly en leur glissant:
"Regardez un peu le beau gosse en haut des gradins".
Les trois filles se tournent simultanément pour observer le type tout en verticalité, au visage aussi étroit que haut, aux cheveux blonds mal décolorés, et au regard vide de playboy manqué. Une grimace nauséeuse s'inscrit sur le visage de chacune d'elle, chassant leurs espoirs d'apercevoir le frère jumeau de Brad Pitt, et exprimant un sérieux doute sur les connaissances de Pix en matière de goûts féminins.


23/08/2004

Vue Imprenable sur la place de la Mairie
Pour tous ceux qui pensent que l'expression "chacun sa croix" ne s'applique qu'aux personnes, j'ai réalisé depuis peu qu'elle pouvait également s'appliquer à des entités municipales, notamment à des petits villages en manque de festivité qui se sentent obligés de célébrer la protection de leur Saint patron.
Je ne sais pas s'il est meilleur ou pire que les autres, mais celui du village dans lequel je vis depuis quelques mois, c'est Saint Julien, patron des Bateliers, des voyageurs et des aubergistes, assassin involontaire de ses parents.
La moindre des choses eut été de jouer la carte de la discrétion, mais le conseil municipal, avec son comité des fêtes hypertrophié, a vu les choses en grand. Quand je dis "grand", je devrais plutôt dire "long", car a défaut de grandiose, ce furent trois jours entiers de réjouissances poussives.
Pour donner une atmosphère festive, il y avait bien sûr trois antiques attractions sur le parking de la poste: Une chenille artisanale avec comme seul signe de vie une mauvaise musique techno supposée accélérer le rythme cardiaque, et les commentaires d'un animateur renvoyé d'une radio FM locale. En face, un stand de petits canards en plastique qui s'agitaient dans une bassine à remous, dans l'attente d'être attrapés par une canne à pêche tremblante pour délivrer leurs lots bon marché. Quelques mètres plus loin, une vendeuse de beignets cohabite avec un punching-ball hurleur dont l'unique fonction est de mesurer la force musculaire des autochtones.
Mais une fête de village n'en serait pas une sans son légendaire bal, son indispensable orchestre, et sa salvatrice buvette pour éponger sa soif après quelques danses endiablées. Comme l'installation de l'infrastructure nécessite une bonne mobilisation des employés municipaux, ils ont décidé de transformer cette oeuvre d'art en triptyque, avec ambiance musicale trois soirs de suite. Sessions de rattrapage pour les absents.
Le premier soir se devait de donner le ton. C'était la grande fierté locale, avec spectacle équestre, discours du maire, autocongratulation, repas, et orchestre rock.
Puis tout s'est dégradé les soirs suivant (oui, c'était possible...), pour finir sur un bal du dimanche soir dont l'absence de public tentait d'être dissimulée par une imitation estropiée de la compagnie créole qui avait poussé le volume des amplis au delà de toute raison.

Il me faut avouer que je vis ce dernier détail comme une victoire personnelle, car j'avais perdu mon pari avec Lyly: Ils n'avaient pas joué la compagnie créole pour le bal du 14 juillet. leur répertoire s'était arrêté à Gilbert Montagné...


20/08/2004

Mais pourquoi est-il si méchant...?
Juste avant qu'elle ne devienne rouge et incontrôlable, la police a interpellé la bouteille d'orangina qui tentait de se déguiser en honnête citoyen.


13/08/2004

Cérémonie, Rituel, et Commémoration
N'étant pas vraiment adepte des fêtes de la saucisse de saint-marcel les foins, ou des lotos dominicaux pour restaurer les clochers des églises, j'ai abandonné le projet de trouver quelques informations pertinentes dans les journaux télévisés de 13 heures, qui semblent définitivement condamnés à être préparés par des stagiaires formés à l'unisson.
Il m'arrive cependant, dans l'unique but de me réconcilier avec le monde du journalisme, de tenter de suivre le journal de 20 heures, mais il semblerait que la démagogie et la volonté d'anesthésier l'encéphale de la population ait pris le dessus sur la vocation d'informer.
Cela commence par une bonne couche de jeux olympiques, dont la vocation mercantile est dissimulée par des phrases préfabriquées sur la prétendue "fête de la paix et de la fraternité", alors que des milliards sont brassés à côté de la misère, et que les principaux bénéficiaires restent les sponsors dictatoriaux, comme le dénonçait le discret article tiré du Monde. Cette grande compétition, par définition moralement douteuse tant elle vise à récompenser ceux qui courent le plus vite, sautent le plus haut, mettent leurs adversaires au tapis, sera aussi une occasion princière de s'adonner aux sentiments chauvins les plus primitifs, en mettant l'accent essentiellement sur la préférence nationale à la défaveur de l'exploit. On ne va pas nous parler des podiums, mais des français sur les podiums, tellement il semble légitime de désirer que l'emportent ceux qui vivent près de chez nous. Il doit bien y avoir quelque chose de tribal dans ce réflex...Il semblerait que le petit balais multicolore qui ouvre les hostilités soit un des événements les plus attendus et les plus regardés au monde, sans que j'arrive à comprendre si c'est le spectacle pyrotechnique qui fascine, ou la perspective épanouissante de passer les quelques semaines à venir avachi sur le canapé à regarder les autres suer.

Puis vient le réjouissant pèlerinage de Lourdes, à l'endroit même ou Bernadette (Non, pas Frampaillon, l'autre...) aurait vu la vierge. (Quelle drôle d'idée de se montrer seulement à la simplette du village dans une grotte, alors qu'elle aurait pu se montrer au monde entier pour guider ces brebis égarées).Cette année, le rituel prend une nouvelle dimension avec la venue du pape, que l'on nous présente comme un humble pèlerin ordinaire, si on exclue sa suite qui va occuper un étage entier, et quelques 3000 agents de sécurité. En voyant les marchands du temple qui se réjouissent (peut-être à tort) de leurs futurs chiffres d'affaire, et les adeptes illuminés par leur idolâtrie, je me demande encore à quel titre on s'acharne autant sur les méfaits des sectes, alors qu'au coin de notre rue s'affiche une communauté en quête d'adeptes égarés en mal de réponses, et qui propose toute la panoplie nécessaire au bon formatage de petits soldats convertis: une solide hiérarchie, des rituels, un livre de légendes, des commandements, des interdits, et des réponses toutes faites dans à peu près tous les domaines.

Et comme on n'avait pas avec tout ça assez de nostalgie passée, Il est de bon ton d'enchaîner avec la commémoration du débarquement en Provence après celui de Normandie. C'est une nouvelle occasion de nous rappeler que ce conflit a révélé une quantité infinie de héros, à tel point qu'on se demande pourquoi, avec un tel potentiel de courage, de bravoure, et de patriotisme, la guerre a duré aussi longtemps. Les vétérans se faisant de plus en plus rares, l'événement prend des tournures de rassemblement de collectionneurs de matériel militaires en mal de véhicules kakis qui se repassent le soldat Ryan en boucle.
Mais comme il faut bien justifier cet hommage, On organisera une généreuse remise de médailles, et un discours qui tentera une fois de plus de nous faire croire que l'être humain tire des leçons de son passé.

 


11/08/2004

Malgré mon obstination à ne pas vouloir célébrer le cumul des ans, je me retrouve chaque année submergé de cadeaux. Mlle Lyly, qui est certainement le plus fin limier pour maîtriser mes goûts, a réussi a mettre la main sur une petite merveille qui tourne en boucle...



10/08/2004

Lila, lila

Tout commence par un mysterieux manuscrit trouvé dans le tiroir d'une antique table de chevet, et un mensonge entretenu pour attirer un peu d'attention, mais qui va vite prendre des proportions incontrolables.
Manipulations, médiocrité humaine, chantage, et univers de l'édition, sont au programme du nouveau roman de Martin Sutter, qui malgré un style toujours agréable, est un peu moins prenant que son précédent.

 

 

 

 

 

 


08/08/2004

Raise ded
Clic. Fait le bouton de ma souris, en même temps que mon cerveau qui redémarre, et mes doigts qui se dégourdissent après de longs mois de mise en veille. Comme un retour après un long voyage, on s'attend à voir le monde changé, mais toute impression d'évolution n'est qu'illusion.
Le petit univers des blogueurs est resté figé comme une strate géologique fossilisée. On y retrouve les même dinosaures, avec l'impression d'avoir lu le dernier épisode la veille. Oh, bien sur, certains sites sont abandonnés, et d'autres ont vu le jour, mais la vieille garde est présente à l'appel ,et rumine ses sujets éculés, comme j'avais l'impression de le faire avant de faire une pause.

Les raisons de mon silence restent encore un peu flous, même si le changement de région, d'habitation, de travail, et de mode de vie peut suffire à le justifier. J'ai pu cependant retirer plusieurs conclusion de cette absence.
Tout d'abord, le blog n'était vraiment pas un élément indispensable à ma vie, et même si l'écriture me manquait un peu, de nombreuses autres choses pouvaient combler ce manque.
Et puis il y a eu ce regard extérieur et vierge de toute implication que j'ai pu avoir, permettant de jeter un oeil critique sur la blogosphère, qui prenait une tournure un peu trop communautariste à mon goût, soumise à d'étranges et paradoxales lois de starification recouverte d'une couche de fausse humilité, ou d'orgueil caché sous une prétendue auto-dérision , sans oublier les règlements de comptes puérils.

Les plus observateurs auront remarqué que ce site a été épuré: des liens ont été supprimés, même si cette liste tendra à s'agrandir, mais je n'ai pas pu vérifier tous mes anciens liens, et je n'ai actualisé que ceux que je continue à lire avec beaucoup de plaisir.
Comme il n'y a toujours pas de possibilité de commentaire, le mail reste toujours le seul moyen de réagir à mes provocations, et mon adresse a changé. L'ancienne a été éradiquée autant qu'elle a pu l'être, gangrenée par des légions de spams.
Il me reste encore pas mal de travail pour la mise à jour des rubriques de lecture, de musique de photos, etc...

Comme dans un discours pompeux de remise de récompense, je me permets de conclure par des remerciements à tous ceux qui m'ont incité à écrire à nouveau, même si je ne pense pas pouvoir poster de façon très régulière, d'autant plus que je travaille maintenant de façon continue, et que je suis moins disponible. Je dois aussi m'excuser auprès de tous ceux qui m'ont envoyé des mails qui sont restés sans réponses. Je tâcherais de ne plus être aussi impoli à l'avenir.