Mai 2003

 

31/05/2003 16:05

Le club des Huit
Je vous assure que c'est involontaire. Je n'ai pas prémédité mon départ de Haute-Savoie en fonction de la surpopulation qui est en train de se produire à cause du G8. Je n'ai pas fui la convention, pas plus que je n'ai fui la contre-convention.
Alors quand un ami me téléphone en me disant:
"Eh, ded, nous sommes en direction de Genève pour manifester contre le G8, on passe par chez toi...", Je suis bien obligé de le décevoir en lui apprenant que je me fait griller au soleil, d'autant plus que ce n'est pas le genre d'évènement que je mémorise en priorité.
Je reste seulement perplexe face aux deux phénomènes opposés, et en tant que bon petit élève appliqué et cérébral, je fais comme d'habitude pour démêler les faits de la désinformation (avec plus ou moins de succès, je vous l'accorde): je tente de me mettre dans la peau de chaque protagoniste.
Les pensées un peu ralenties par la chaleur actuelle, je commence par le plus facile: les opposants au G8. Pourquoi le plus facile? sans doute parce que j'ai plus de points communs avec eux qu'avec G.W.Bush.
Je suis donc un altermondialiste, et je me rend à Annemasse (et non pas à Evian à cause du périmètre de sécurité) pour manifester mon opposition à la gouvernance mondiale, aux choix directifs imposés à l'ensemble des pays, au FMI, à l'OMC, à la banque mondiale, enfin , à tout ce qui peut entretenir les inégalités mondiales, tout ce qui peut faire des pays les plus riches des colons qui assèchent et exploitent les ressources de l'ensemble de la planète. En dehors de la coloration politique franchement orientée à gauche, je retrouve toute sorte de profil sur le site. De tous pays et de tous âges, de milieux sociaux moyens mais cultivés, ils ont tous, comme moi, un passé militant assez fort, et surtout une grande foi en la possibilité de changement de la société humaine. Je reste malgré tout étonné devant l'organisation de la manifestation, qui reste sectorisée en fonction des courants idéologiques. Ils appellent ça des villages. ça me fait penser au club med.
Je pousse quand même un coup de gueule à certains groupuscules, comme celui du village non mixte des féministes, un ghetto au coeur de la dénonciation des ghettos.
Je suis là parce que je veux montrer à ces dictateurs qu'ils sont peu nombreux comparés à notre force de mobilisation, parce que nous portons des idées d'égalité, de monde plus juste, et que personne ne peut discuter la bonté et le bien fondé de notre action.

Je suis un chef d'état. Et pas de n'importe quel état. Un des états les plus industrialisés du monde, un autre terme pour dire un des plus riches et des plus influents. Mon rôle, avant tout, est de défendre les intérêtséconomiques de mon pays, ce qui doit inévitablement passer par une entente et des accords commerciaux avec les autres pays de la conventions (autrement dit, ceux qui ont de quoi payer). Pour parvenir à cet objectif, je dispose de deux outils:
-La main d'oeuvre qui est source de production. Il y a bien celle de mon pays, mais celle des pays en voie de développement est bien moins coûteuse, ce qui augmente les marges bénéficiaires.
-Les ressources. Celles de mon pays sont relativement limitées, le but étant soit d'obtenir des accords privilégiés avec des pays anciennement colonisés, soit d'acheter des ressources à très bas prix (toujours dans l'idée de garder une marge de bénéfice garantissant l'épanouissement économique de mon pays).
Pour parvenir à tout cela, il faut homogénéiser les règles de production et de commerce avec mes partenaires, qui, les choses étant bien faites, sont également les pays les plus puissants, donc ceux qui définissent les règles du marché mondial. Par cette démarche, j'assure la prospérité de mon peuple, et veille au maintient de son niveau de vie. C'est pour cela que le peuple a voté pour moi: pour que je défende ses intérêts. Les opposants à la conventions se refusent de comprendre que ce sont leurs intérêts qui sont en jeu: si une réforme devait redéfinir les lois du commerce mondial, les marges seraient moindres, et le niveau de vie diminuerais par le jeu de la redistribution des richesses. Je ne suis pas là pour défendre l'économie de l'Afrique, mais celle de mon Pays.

Ce qui est limpide, à la lumière des deux points de vue, c'est que les deux protagonistes ne parlent pas de la même chose. Quand les uns parlent d'humanité, les autres parlent de productivité. Quand les uns parlent de répartition, les autres parlent de commerce. Quand les uns parlent de social, les autres parlent de rentabilité. Le vocabulaire commun est bien maigre, et le domaine de rencontre de ses deux mondes assez improbable. Une chose émerge cependant de ce fantasmagorique "sois moi, je serais toi": Si un citoyen peut, par son activité, toucher du doigt les lois mathématiques et rigides de l'économie de marché, n'importe lequel de ces huit chefs d'état n'a jamais été, et ne sera jamais un citoyen ordinaire, définitivement déconnecté des préoccupations et des contraintes que connaît le commun des mortels.

Je suis d'accord avec vous sur un point: c'est chiant les posts politiques.


29/05/2003 23:51

Lettre à Clara

Ma Chère Clara

J'ai cherché ton dernier livre, ce qui ne s'est pas fait sans mal. Je serais bien hypocrite de déclarer que j'ai adoré tes deux romans précédents. Quelque chose que je n'arrivais pas à identifier et verbaliser me dérangeais pendant leur lecture, et je pensais trouver une réponse dans cette nouvelle publication. C'est enfin lorsque je mis la main dessus que je compris pourquoi un pilier de librairie comme moi n'avait pas été informé de sa sortie: Il n'était pas dans le rayon littérature, mais avait été classé en sociologie.
Il était donc légitime de s'attendre à un style différent, plus proche de ton écriture de journaliste, avec des analyses pertinentes, appuyées par un lourd travail de recherche et de réflexion en amont.
La première surprise, apparaissant dès les premières pages, concerne le choix de retranscription de la vie d'Iliana. Si l'utilisation d'un chapitrage par thème est judicieux, la volonté de conserver le premier plan des entretiens montre rapidement ses failles: Il y a quasiment autant de JE que de ELLE. Un fort sentiment de subjectivité se dégage des pages, et, pire encore, tu ne parviens pas à t'effacer au profit de sa propre histoire. La retranscription de ta difficulté à entrer dans son monde ne rend pas le récit plus riche ou plus compréhensible, mais semble vouloir exhiber le mérite que peut représenter une telle entreprise.
Il n'y a pas non plus une grande différence de style avec tes romans précédents, ce qui m'a permis de comprendre sa principale caractéristique, qui s'accorde particulièrement mal à celui-ci. Les phrases sont courtes, hachées, avec des mots minutieusement choisis qui tentent de faire mouche et de percuter, avec un manque certain de fluidité.
En refermant le livre trois heures après l'avoir commencé, j'ai ressenti une étrange impression: celle de ne pas être rentré dans la vie d'Iliana, mais dans les entrevues de Clara et Iliana. Tous les sentiments humains retranscrits ne sont que ceux de Clara, semant même le doute sur le rôle d'Iliana: a-t-elle été un faire-valoir?


26/05/2003 23:46

Inteur ze Matrisque
Le principe d'un phénomène de société, c'est de pouvoir être reconnu par tous, de servir de référence culturelle, d'archétype non verbalisé qui rassemble des adeptes, ceux qui s'y reconnaissent, et ceux qui les reconnaissent. Si on peut commencer à prétendre que les créations des frères Wachowski s'intègrent à cette définition, cela ne fait aucun doute au sein de la population des blogueurs et/ou internophiles. C'est en sombrant dans la masse que je rédige un Xième post au sujet du dernier engouement cinématographique, mais avec probablement moins d'indulgences que certain(e)s.
La réussite du précédent (et premier) opus fixait des règles strictes qu'il ne fallait ni négliger, ni ignorer afin de reproduire le succès attendu par un public impatient. On ne pouvait plus jouer sur la surprise du scénario, mais surenchérir sur le visuel et exploiter l'acquis des personnages. Et ça aurait pu prendre, avec de bonnes idées, malgré une esthétique générale attendue et un dénouement assez pauvre.
Le mieux est l'ennemi du bien. A trop vouloir en faire, toute tentative de profondeur est immédiatement décapitée par quelques scènes qui frôlent dangereusement le ridicule. Je pourrais parler de la scène d'ethno-techno party de Sion qui ferait un merveilleux clip pour MTV, ou des scènes d'envol de néo en soutane, ou du combat de tortues ninja chez le Mérovingien, à moins que ce ne soit de l'interminable multiplication des Mr Smith qui n'a d'autre but que de montrer tous les coups spéciaux du pieu Néo, mais le problème est encore ailleurs. C'est la structure même du film qui donne la désagréable impression d'être immergé dans un jeu vidéo avec ses lois invariables: un mince scénario représenté par quelques dialogues pauvres faisant office d'interlude cinématique, et d'interminables combats qui fondent le coeur même du jeu. On n'est plus surpris de voir les combats, on les anticipe, et on pourrait même chronométrer les intervalles réguliers entre chaque scène. Tout est prétexte à combat, et on a même droit aux poursuites en voiture, ingrédient indispensable aux films d'action américains. Par chance, néo n'est pas dans la scène, ce qui empêche de confondre" Matrix" avec "Speed".
On peut difficilement compter sur un quelconque jeu d'acteur pour rehausser le niveau. Tout d'abord parce que Keanu Reeves a toujours autant de charisme qu'une endive, mais aussi parce que le jeu des acteurs oscille exclusivement entre deux expressions: "je tire la gueule" et "je me la pète", tout ça sans oublier les indispensables lunettes de soleil qui aident pour les deux types de mimiques.
Fichtre, qu'est-ce qu'elle est aveuglante, cette matrice...


25/05/2003 22:12

Un (exasp)air de famille
Il m'arrive régulièrement d'oublier pourquoi je fuis autant que possible certaines réunions familiales. Pour m'en souvenir, et aussi pour me prouver que j'avais bien raison, je m'inflige malgré tout cette épreuve de temps en temps.
Il y a bien sur l'arrivée des invités, avec les discussions sur la pluie, le beau temps, les activités du moment, la jolie nouvelle chemise, la situation sociale actuelle (mais pas trop pour ne pas froisser les tendances politiques de chacun).
C'est sur ce calme flou artistique qu'arrive enfin le focalisateur de toutes les attentions et des conversations: un concentré d'enfant de quatre ans qui incarne à lui seul la définition de l'enfant roi. On peut bien essayer de s'y soustraire, de s'engager dans un propos profond, une ouverture vers une réflexion humaine, le bruyant hobbit revient invariablement à la charge, accaparant toutes les fréquences et les créneaux sonores, sans compter les déplacements incessants qu'il impose de façon capricieuse.
Alors, quand toutes les esquives ont été vainement tentées, on jette les armes, on se laisse porter par le flot de l'épicentre accapareur qui devient le sujet de chaque phrase. Tout ça est bien sur entretenu par l'inertie du syndrome de la jeune mère béate d'admiration pour sa progéniture, et tout l'arsenal des poncifs est déployé avec des vertus prétendument pédagogiques visant à nous informer des progrès de la merveille des merveilles:
-La maîtresse dit qu'il est très intelligent (un grand classique que j'ai entendu plus d'une fois)
-Il connaît tout l'alphabet
-Il compte sans se tromper
-Il colorie sans déborder
-Il fait des puzzles tout seul
-....
Comme les listings de capacités ne sont pas très drôles pour l'auditoire, il fallait bien ponctuer son éloge par un anecdote pouvant retenir l'attention par son suspense. C'est là qu'intervient la palpitante histoire du sauvetage de Titi.
Pour les non initiés, Titi est un ersatz de doudou, version déplumé, gris sale, microbien et répugnant. Par un beau jour d'été, le-dit volatile était embarqué sur un bateau de plaisance en compagnie de son propriétaire exalté. A force d'agitation et de maladresse, l'inévitable arriva: Le Titi tomba à la mer. Au lieu de profiter de l'aubaine pour se débarrasser de la loque difforme, les parents hurlèrent, alertant les passagers qui pensèrent immédiatement que l'enfant avait du passer à la mer. L'embarcation fut stoppée et fit demi-tour, pensant sauver une vie plutôt que Titi. Force est de constater la bonne composition du capitaine qui ne renonça pas à manoeuvrer afin d'accoster et repêcher la saleté flottante. Le sauvetage accompli, on abandonna tout projet d'en faire le scénario d'une publicité dans laquelle le petit garçon retrouve son compagnon fétiche 20 ans plus tard, tant le comportement parental rend la situation improbable. Ainsi sont les valeurs d'aujourd'hui: la vie d'un Titi est au moins équivalente à celle de nos chères têtes blondes.
Devant tant d'émotion et de suspens, je ne pouvais que m'isoler et me recueillir devant mon ordinateur, rejoint peu de temps après par mon frère qui semblait partager la même passion pour les récits pédiatriques.

Cette expérience n'est pas dépourvue de conséquence: Quand mes amies sont enceintes, je leur fait signer un contrat qui m'autorise à leur faire remarquer si elles se comportent en mères aveugles rongées par leur descendance.

Pour achever la journée, je suis assez déçu que Lars Von Trier n'ait pas reçu de prix au festival de Cannes, mais peut-être faudrait-il mieux que je vois le film de Gus Van Sant avant de crier à l'injustice.


23/05/2003 22:25

Je ne suis pas un Saint
Même si j'ai une sainte horreur de mon prénom, personne ne semble en faire cas, et j'ai été très touché par tous ceux qui m'ont souhaité une joyeuse fête.
Je perds alors tout crédibilité quand je prétends combattre ce genre de convention, tout en étant absolument ravi par ces marques d'attention qui ne sont pas grand chose mais me touchent beaucoup.

23/05/2003 21:44

Une autre idée de l'enseignement
On ne peut pas vraiment dire que je garde de bons souvenirs de mes études, et plus particulièrement des cours. Les quelques fois ou je daignais me déplacer, cela finissais au dernier rang d'un amphi, à écouter marmonner un prof qui lisait mot à mot un polycopié incompréhensible, faute d'avoir préparé un enseignement vivant.
C'est un nouveau concept d'enseignement que je viens de découvrir grâce à la complicité de Mag, et de nos capacités communes à culpabiliser lorsque nous nous laissons un peu trop aller par le manque de mise à jour de nos connaissances. Ce concept, c'est celui de l'enseignement rémunéré.
Le principe est simplissime: on assiste à des cours sur des sujets divers et variés, si possible dans des hôtels 3 étoiles, on se goinfre au restaurant gastronomique, on fait une pause goûter, et pour nous remercier de la difficulté de l'épreuve, nous sommes payés (et grassement à mon goût). Pour peu, j'en ferais ma profession.


22/05/2003 23:31

Aujourd'hui...

...Ascension de la Sainte Victoire avec Mag (qui carburait aux nicorettes) et Fat (qui carburait au Kiri)


21/05/2003 11:31

Dogville
Ma soirée d'hier a été consacrée à la projection en avant-première de "Dogville" de Lars Von Trier. J'aurais bien posté hier soir, mais je devais répondre à un mail qui me tenait à coeur, et aussi digérer le film qui m'a fait l'effet d'un coup de poing.
On ne peut pas le regarder comme un film, mais plutôt comme une fable philosophique. Tout a été dépouillé, au point de donner l'aspect d'une pièce de théâtre minimaliste. Le décor est réduit aussi bien en surface qu'en volume, privilégiant les personnages aux accessoires. Il fallait beaucoup d'audace pour tenter cette mise en scène réduite au strict minimum, avec la caméra à l'épaule et des plans rapprochés, et la seule survie du film dépendait de son contenu. Et quel contenu! Il apparaît comme une brillante observation de la nature humaine, et même si les symboles sont un peu évidents, on prend un plaisir immense à transposer cette fable en d'autres lieux et d'autres situations.
L'histoire n'est que prétexte, on le sait dès le début, avec la présentation du philosophe qui tente une démonstration idéologique auprès d'une foule, et le développement permet d'aborder les principaux thèmes qui caractérisent la nature humaine: La pensée, la communauté, la morale, l'entrainement, l'égoisme, la liberté, l'esclavagisme, la peur, l'ignorance, la cupidité, l'exploitation, la haine, et bien sur, le pardon, incarné par l'impécable Nicole Kidman.
C'est quand vient l'heure de la morale de la fable que ressort tout la noirceur du film, avec l'affrontement entre le pardon et la vengeance, avec la question clairement posée: les hommes sont-ils responsables de leurs actes, est-ce leur nature ou le contexte qui définit leurs actions et leurs pensées, doit-on enseigner par le bâton ou la carotte?
Vous n'aurez ni la réponse, ni le dénouement final du film, que je vous encourage vivement à aller voir.


20/05/2003 18:02

J'étais sur le point d'écrire un post, quand mon téléphone a sonné pour me prévenir que mon rendez-vous de ce soir était avancé. Donc le post sera soit pour ce soir (avec idées nocturnes embrumées), soit pour demain, ce qui plus probable.


19/05/2003 17:12 (attention, post long et bougon)

Alors que je me promenais au milieu d'un marché d'un petit village du Luberon, je suis tombé, au milieu des étalages de fruits et de légumes, sur un stand qui vendait des T-shirts. Au premier plan de ce stand trônait une pièce unique sur la quelle figurait un écusson de l'olympique de Marseille juste au dessus de cette délicate citation : "Paris, on t'encule".

Je ne sais plus exactement à quand remonte mon dégoût pour le foot. Je me souviens, étant petit, avoir eu un album d'autocolants Panini avec tous les joueurs des grands clubs. Je remplissait les cases vides avec les photos, comme une galerie de portraits d'un livre généalogique. Je le faisait au même titre que je remplissais celui de Bernard et Bianca (que je préférais, d'ailleurs), sans pour autant regarder un seul match, et sans éprouver le besoin d'aller faire un tour au stade vélodrome.
Le statut de religion que peut prendre le foot dans ma région natale a forcément contribué à l'association, caricaturale mais pourtant vraie, du ballon rond avec un accent ridicule, des insultes, une foule hystérique, des hurlements fanatiques, un anti-Parisianisme que je n'ai jamais compris, les bars miteux devant lesquels on joue à la pétanque, les produits dérivés bleus et blancs, et les rideaux de voiture "Fier d'être Marseillais".
Jusque là, je ne jetais qu'un regard indifférent sur un sport qui véhiculait une image aux antipodes de ce que j'étais, par la seule observation que les supporters était des crétins un peu simplets.
La première grande remise en cause est survenue lorsque l'O.M. a gagné le championnat d'Europe. Ce qui était à l'origine une manifestation de joie s'est transformée en émeute au centre de Marseille: des voitures ont été jetées dans le vieux port, des vitrines massacrées, les abris de bus démantelés, sans compter les multiples agressions sous couvert festif.
La confirmation, et la rupture finale avec cet univers s'est produite lors de la coupe du monde 98, qui semble avoir été vécue par la population comme un véritable traumatisme, nécessitant plusieurs jours de convalescence. On était au seuil de l'hystérie collective autorisée: les dégâts matériels ont été considérables, mais à aucun moment relayés par la plupart des médias qui ont plongé tête baissée dans l'excés d'enthousiasme. Quand quelques voitures flambent dans la banlieue de Lyon, c'est de la délinquance, mais quand l'équipe de France remporte un match, ces dégâts passent pour témoignage d'une grande célébration.

N'allez pas me prendre pour un aigri qui condamne tout manifestation festive, mais de mémoire, je n'ai pas souvenir qu'un quelconque événement social ai rassemblé autant de monde. Je trouve seulement malheureux et pitoyable que pour descendre dans la rue et embrasser son voisin, il faille que 11 sportifs mettent un ballon dans des cages. Le jour ou on trouvera un vaccin contre le Sida ou une nouvelle thérapie anticancéreuse, ou le moyen de nourrir toute la planète, il n'y aura pas autant de monde dans les rues pour fêter l'évènement.

Le comportement de chaque bon petit citoyen a été de proclamer de la façon la plus naturelle du monde "on a gagné", me faisant immédiatement reprendre ce lieu commun pour le remplacer par "non, ILS ont gagné". Personnellement, je n'ai pas l'impression d'avoir gagné quoi que ce soit, tout au plus une vague satisfaction de voir des gens plus agréables pendant quelques jours (avant de revenir à leur naturel haineux). Cette identification et assimilation à une équipe sportive sous prétexte qu'elle vient du même pays que nous, a toujours suscité mon incompréhension. Je ne me sens pas représenté par ces types là, pas plus que je souhaite leur victoire plus que celle d'une autre équipe. Cela pourrait même s'approcher d'un concept de préférence nationale: "je suis pour leur victoire parce qu'il sont Français". Le tout est bien évidement relayé par les commentateurs sportifs qui sont d'une subjectivité frôlant la mauvaise foi.
Comment peut-on condamner le nationalisme quand on crie "vive la France"?, comment peut-on diminuer la xénophobie si on voit son voisin comme un adversaire?, comment peut-on ouvrir des frontières alors que certains se sentent Français avant de se sentir humain?...


 

19:16

Si vous en avez assez de voir votre chat jouer au baby foot et fumer des joints, alors que vous préfereriez le voir jouer de la musique sur votre table de billard, cette page est faite pour vous.

18/05/2003 17:52

Suite à l'altercation verbale de l'autre soir (le 14), je pensais passer dans la catégorie des personnes définitivement désagréables en société, celle de ceux à ne pas inviter dans les soirées mondaines, à ne pas présenter à ses amis, les indésirables pour lesquels il faut tourner la tête dès qu'on les croise.
Et bien il n'en est rien. Non seulement la jeune femme que je me suis permis de contrer toute la soirée m'a écrit plusieurs mails, mais en plus elle se permet de m'inviter à une projection privée d'un film du festival de Cannes.
Je ne comprendrais jamais la psychologie féminine.


17/05/2003 18:46

La grande conversation à la mode, en ce moment, celle qui se situe à mi-chemin entre les assoiffés de télévision et les adeptes du show-biz, entre le débat social et le voyeurisme des talk-shows transformés en ring, c'est bien sur le passage de Brigitte Bardot à l'émission de Marc-Olivier Fogiel.
Oui mais voilà, ma télévision ayant rendu l'âme, et préférant sortir avec mes amis, il était bien improbable que je me trouve devant l'écran pendant sa diffusion (que je serais bien incapable de dater, d'ailleurs). En dehors d'un article dans "le monde" m'informant de la diarrhée littéraire de la vénus aigrie vieillissante, j'ai du me contenter des commentaires divers et variés de chacun.
Autant le dire tout de suite, je reste plus que distant avec les méthodes de M.O.F., qui semble pousser encore plus loin les méthodes éprouvées de Thierry Ardison: on embarque un ou plusieurs invités pour parler d'eux, de leur création, ou de leurs exhibitions diverses, et on ouvre les vannes de la provocation en public, des phrases assassines, et si possible faire tourner le duel en humiliation préméditée. Je ne dis pas que celle de B.B. n'était pas méritée, mais au total qu'avions-nous: Une invitée haineuse qui crachait sur tout et tous, face à un petit roquet qui crachait sur son invitée, un combat de coq qui fait la joie des amoureux de la polémique et des règlements de compte en public, pour n'aboutir qu'à deux conséquences: l'exacerbation de la misanthropie de cette femme haineuse, et la promotion d'un livre qui n'en est pas un.


16/05/2003 13:49

J'ai enfin pu faire fonctionner ma borne Wi-Fi ici, et je compte bien en profiter abusivement. Pour commencer, une petite mise à jour du site, car j'ai eu droit à quelques petites remarques sur le manque de mise à jour. On pourrait croire que je reste oisif sans travail, mais je ne suis jamais autant débordé que quand je suis en vacances. Juste pour ne rien oublier, une petite liste de tout de ce que je vais faire.
-Aller ce soir au resto avec des amis
-Développer 3 films 24 poses (dont certaines devraient finir dans la rubrique "la cour du cancre")
-Scanner quelques vieilles photos pour remplir la page "des images qui ne bougent pas" qui reste desesperement vide.
-Aller au resto avec des amis
-Me balader sur la Sainte Victoire avec mon amie Mag
-Passer à la Fnac la plus antipathique de France (celle de Marseille) pour écouter les nouveautés.
-Faire un tour à la mer
-Aller au resto avec des amis
-Répondre à la tonne de mails que j'ai en retard
-Téléphoner à F., ma première maitresse
-Telephoner à C., ma deuxième maitresse

-Téléphoner à S., ma nouvelle ex-maitresse
-Aller au resto avec des amis (je sais, je l'ai déjà dit, mais ce ne sont pas les mêmes)

-Ne pas répondre au téléphone pour les propositions de boulot.
-Passer faire un tour à Paris pour voir mes amis qui y sont.
-Lire des tonnes de bouquins et en faire la critique sur le site.
-Aller voir des tonnes de films
-Aller à une formation rémunérée (concept dont je parlerais plus tard ce moi-ci)
-Essayer de comprendre quelque chose aux animations Flash.

J'en oublie, mais ça reviendra.

Maintenant, celle-là elle est rien que pour Maïa qui ne deprime (presque) plus, mais qui va replonger dans l'enfer de la tapisserie marron la semaine prochaine.



15/05/2003 14:47

On a beau avoir de la bonne musique dans le lecteur CD, 4 heures de route, c'est toujours un peu long et fastidieux. d'autant plus que c'est un trajet que j'effectue très souvent, entre Annecy (ou je travaille de temps en temps), et Aix-en-Provence (ou j'ai la plupart de mes amis). Pour écourter ce voyage d'une demi-heure, je m'arrete toujours chez mes amis Anais et chouchou, un peu pour faire une pause, et surtout pour leur manifester ma joie de les revoir.
Hier soir, Chouchou recevait un précieux contact professionnel, une certaine M.P., jeune femme influente du conseil régional. Après quelques assauts, je cède et accepte de rester dîner avec eux.
J'ignore si la demoiselle avait passé plusieurs années sans débattre, ou si elle avait perdu l'habitude qu'on lui dise "je ne suis pas d'accord", noyée dans la démagogie et l'interet de tous ceux qui venaient la solliciter pour avoir des subventions, mais le résultat est que la soirée, qui avait commencé calmement, a tourné au pugilat.
Et pourtant, je n'avais même pas sorti l'artillerie lourde, la provocation pure et dure, je ne cherchais même pas à tester ses limites comme il m'arrive de faire parfois. Je suis resté à ma place d'interlocuteur interloqué.
Son étonnement passé de rencontrer un soupçon de résistance, le débat a virevolté dans tous les sens, mais conduisant toujours tôt ou tard vers des questions morales, et nous ne parlions vraiment pas des même choses. Je lui parle de sexualité des prêtres, elle me parle de sublimation de la foi, je lui parle d'inhibition de sa nature, elle me parle d'homosexualité Chouchou comptait les points, Anais dormait à moitié, et la joute faisait rage.
Pas de doute, j'étais bien arrivé. Au pays de la polémique, au pays de celui qui a le dernier mot. J'étais bien arrivé dans le sud-Est.


13/05/2003 9:13

Il faut sauver les bébés hommes
Si je suis encore à Annecy à l'heure qu'il est, c'est uniquement du à mon profond manque de motivation pour faire mes bagages et prendre la route du soleil du sud de la France.
Comme tous les matins, je vais parcourir les articles du "monde", juste histoire de savoir quelle nouvelle fourberie peut préparer l'administration Bush, quand tout à coup, je tombe sur un article qui m'interpelle dans la rubrique "société". Le titre était "Brigitte Bardot, amie des bêtes, ennemie des hommes". Tiens, tout l'inverse de Maïa, me dis-je.

Je savais, qu'en plus de devenir un peu moche et particulièrement aigrie à cause de l'altération de son état physique, elle était un peu réactionnaire, mais j'étais bien en dessous de la réalité. Elle est EXTREMEMENT réactionnaire.
Quand je vois les propos qu'elle se permet de tenir alors qu'elle a elle-même utilisé plus son cul que ses propres talents d'actrice qu'elle n'avait pas (ne parlons pas de ses minables essais de cantatrice), j'aurais bien envie de lui plonger la tête dans l'aquarium du homard qu'elle a tenté de sauver. Pour tous ceux qui ont manqué l'article, il est disponible ici.


15:27

J'ai enfin commencé à remplir ma page "nerfs en boule". Y'a pas à dire, ça défoule.

12/05/2003 13:43

Vous croyez briller en connaissance musicale et en vieux tubes ringards. Vous faites partie de la génération qui aime citer pendant les soirées les succés planétaires comme ceux de Patrick Juvet, de Roch Voisine, de Sabine Paturel, sans parler de desirless, stone et Charden, Patrick Topaloff, Phil Barney, licence IV et début de soirée...?
Et bien, je vais vous décevoir en vous apprenant que vous ne connaissez rien. Ou plutot que vous ne connaissez que la partie emergée de l'immense univers de la musique ringarde que l'on peut découvrir sur le site de bide et musique, idéal pour se souvenir ou découvrir des talents à côté desquels nous sommes passés il y a quelques années.


11/05/2003 16:02

Me voici enfin rassuré, et bien moins isolé depuis quelques minutes: je viens de me rendre compte que je ne suis pas seul (en dehors de mon amie Anais) à utiliser et comprendre certaines expressions de mon langage courant du type:
" monde de merde"
"c'est pas banal"
"je t'ai vu le premier et le deuxième"
"tu peux me dire ce qu'on fait dans ce flim, bob?"
"C'est tout l'effet que ça te fait, quand je te dit qu'on va manger des chips?"
"Aime moi tendre, aime moi vrai"
"Ouiche loraine"
"J'ai les bonbons qui collent au papier"
"Un monstre préhistorique parthouseur de droite"

"Le cowboy de tchernobyl"
"ça doit être les burgers"
"J'adore me déguiser"
Et j'en passe, car pour toutes les mettre, il faut lire le script du flim.

Tout ça pour dire que j'ai enfin trouvé des passionnés aussi débiles que moi qui connaissaient par coeur "la classe américaine", le grand détournement réalisé par l'équipe de Canal + en 93. Cela représente beaucoup pour moi, car c'est peut-être une ouverture pour récupérer une copie du film, la mienne ayant été perdue.
Pour les curieux, les amateurs, ou les fans, 2 sites y sont consacrés:
http://legranddetournement.free.fr/
http://abidbol.free.fr/


10/05/2003 21:12

Même s'il a certains avantages, mon boulot implique une obligation qui devient parfois insupportable: devoir faire comme si.
Ce Week-end, par exemple, au lieu de voir des amis, non seulement je suis immobilisé parce que je suis de garde, mais en plus j'ai droit à toute la collection du club des cons de la Haute-Savoie (pour en avoir vu autant aujourd'hui, je me suis dit qu'ils avaient du fonder un club et louer un bus pour venir me voir aujourd'hui). Comme je doit faire avec et garder une image à peu près respectable (déjà que je n'ai pas la gueule de l'emploi...), je reste souriant, refuse gentiment et avec diplomatie leurs requêtes abusives. Je prédits que le prochain qui me réveille à 2 heures du mat pour une broutille risque fort d'affronter ma colère...


09/05/2003 21:24

R.I.P.
C'est dans une indifférence quasi absolu que ma télévision vient de rendre définitivement l'âme. Elle montrait bien quelques signes de faiblesse, mais là, cette fois, c'est la fin, la vrai, sans retour possible.
Après quelques années de bons et loyaux services, elle va enfin pouvoir se consacrer à la fonction dans laquelle elle excelle: étagère pour mes livres qui manquent vraiment de place. C'est donc en hommage que j'ai tiré son portrait une dernière fois.


 

09/05/2003 14:39

La petite Fleur semble bien mal en point, et je me sens bien impuissant pour lui être d'une quelconque utilité. Si j'avais été un as de Photoshop, je lui aurais fait un fanart, mais je ne dois jamais oublier que je suis une quiche avec ce logiciel métaphysique (bon, en plus de ne pas être un Geek, mais ça on s'en serait douté).


08/05/2003 20:24

Les rues s'emplissent. Les fonctionnaires se rassemblent sous les bannières des syndicats. l'heure est à la mobilisation, un peu pour refuser les projets de financement des retraites, mais aussi un peu pour systématiser les manifestations face à tout projet économique, jusqu'à en faire un folklore, banalisé par la répétition.
Bien sur que l'allongement du temps de travail est une régression. Personne ne prétend le contraire, mais ce n'est pas maintenant qu'il faut y penser, c'était bien avant de se retrouver au pied du mur, avant que tout le monde laisse pourrir la tumeur dans l'indifférence générale au point de devoir tailler large autour. Le systèmeétait voué à l'échec, inapplicable selon les lois capricieuses de la démographie. Les restrictions étaient tellement prévisibles et sévères que tous les gouvernements successifs ont aimablement laissé ce soin aux suivants, telle une patate brûlante. Il était inévitable qu'une génération paie deux fois la retraite: pour les retraités, et pour eux-même. Cette génération, c'est nous.
Cela n'a rien de juste, ni d'équitable, mais seulement inévitable.

Autant j'accèpte malgré tout cette idée, autant je trouve déplacé le conservatisme aveugle de la mobilisation de la fonction publique, nantie malgré elle. Durant la révolution Française, on descendait dans la rue pour abroger les privilèges; maintenant, on descend pour les conserver. On ne cherche plus l'égalité ni la solidarité, mais son propre profit.

En changeant une fois de plus de référentiel, je serais curieux de connaître l'opinion d'un Irakien sur les manifestations des employés de l'état parce qu'ils vont devoir cotiser 2,5 années de plus, ou parce qu'ils dépendront maintenant de la région et non de l'état. Bien sur, mon discours est stupide, car on ne nivelle pas par le bas, mais il y a seulement à mes yeux des événements bien plus graves que ceux qui mobilisent ces nombrilistes coupés de certaines réalités.


07/05/2003 15:45

La mise à jour de cette page laisse à désirer, mais il faut tout de même reconstruire toutes les autres. Donc pour éviter tout lien fictif, je reprendrais le fil de mes pensées un peu plus tard, quand le contenu des autres pages sera satisfaisant...


05/05/2003 19:33

Gros Crash de la vieille version, combiné à des mauvaises manipulations, et le tout agrémenté de ma légendaire incompétence en HTML, et voici , contraint et forcé, la toute nouvelle version du site.
J'ai beau regarder, je trouve cette version aussi laide que la précédente, mais bon, je vais attendre de m'y connaitre un peu mieux avant de me lancer dans des conceptions plus complexes...