30/10/2004
Otez cette graisse que je ne saurais voir
Pour
propager une idée caricaturale, rien de tel qu'un article
médical sans rigueur, relayé par une information au titre
simplifié. Si on reste à une première lecture de
cet article, on pourrait presque en conclure qu'il ne faut pas faire de
régime, mais courir chez son chirurgien pour de meilleurs résultats.
Au-delà du titre racoleur et débordant de fausses vérités,
l'article est un cas d'école de parti pris médical voué
à la désinformation, et les failles sautent aux yeux.
Il n'y a déjà aucune allusion aux causes de l'obésité
ce qui semble plus qu'utile quand on propose des solutions. On retrouve
directement le comportement binaire de certaines branches médicales
qui ne visent qu'à combattre les conséquences d'une maladie,
et non son origine.
Ensuite, on ne constate que des observations consécutives aux interventions,
mais rien n'est analysé sur le long terme, pas un seul mot sur
la nécessité d'une prise en charge alimentaire, pas une
seule allusion à la participation comportementale de l'obésité,
rien sur le taux de rechute. La façon de traiter l'information
pourrait presque faire penser que l'obésité s'opère
comme une fracture, et que tout rentre dans l'ordre avec quelques coups
de bistouri.
26/10/2004
Addenda au post
précédent
Suite à la réaction de T
dans son post,
je me vois contraint de reprendre les armes de l'argumentation, encouragé
par mes tendances anticléricales et paillettekiller. Je vais donc
reprendre point par point toutes les réflexions et réactions
que m'inspire ce post...
Mon très cher T,
1-Dois-je comprendre
que pour toi, la nudité vaticane était également
un argument de vente, une image racoleuse pour accroître le nombre
de fidèles? Cela semble en contradiction avec les rituels qui poussent
à l'antéflexion de la tête, et la position des fresques
au plafond. Doit-on y voir une piste de théorie sur une technique
de repérage des fidèles impurs qui levaient la tête
au lieu de la baisser, ceux qui ne voyaient pas qu'une bougie en observant
un cierge?
2-Certes, Adam possédait
indéniablement un micro-pénis, mais il ne faut pas oublier
qu'il n'était pas censé s'en servir.
3-Eve eut été
bien plus humiliée si l'artiste l'avait représentée
avec des bottes et un string à paillette. La feuille de pommier
ne lui va pas si mal.
4-Les féministes
auraient dû s'attaquer à ces fresques, non pas pour leur
utilisation, mais pour la façon de les représenter (quoi
que, on voit bien qu'Adam, pas très éveillé au savoir,
n'est pas à son avantage non plus).
5-Je me félicite de ne pas être
un homme paléolithique.
6-Je revendique mon absence de participation
aux chorégraphies Travoltesques, et je n’avais nullement
besoin de ce genre d’artifice en guise de parade amoureuse. Je ne
suis nullement frustré de ne pas avoir participé à
ce genre d’exhibition humiliante. (Si si, ressorts les photos, et
tu vas moins faire le fier. Même pas cap’ de les publier sur
NouS…).
Les mélodies d'"Alexendrie-Alexandra" ou "Le téléphone
pleure" n'éveille pas des réjouissances, mais le souvenir
de pénibles journées dominicales en famille que je vais
bien devoir raconter un jour.
7-Effectivement,
tu m’as convaincu que cloclo n'a rien inventé (en dehors
d'une forme de proxénétisme scénique).
8-Comment accorder
un quelconque crédit et une référence festive à
un type qui ne sait même pas se servir d'un sèche-cheveux
dans une baignoire.
9-Mais sache donc,
cher amateur et compagnon de danseuse gracieuse, que les mœurs contemporaines
se dirigent à nouveau vers les formes généreuses,
et que si ce rythme est maintenu, dans quelques décennies, Z fera
figure de neurasthénique dénutrie, avec une indication urgente
de cure nutritionnelle à la Mcdoclinic.
(Mais des noms, que diable, à propos de clips de jeunes sauvageons
que je ne puis voir à cause de ma désaffection télévisée
récurrente).
10-Je m'en vais
de ce pas réagir sur certaines idées préconçues
qui circulent concernant les traitements de l'obésité.
25/10/2004
Cloclo, ce pionnier publicitaire
Les publicitaires sont fréquemment la cible d'associations féministes,
et franchement, quand on voit l'utilisation d'un décolleté
profond pour vendre une voiture, on ne peut que leur donner raison. Mais
si les réactions sont directes et systématiques, cette utilisation
de la femme en tant qu'argument de vente semble plutôt ancienne,
et chaque fois que je tente d'imaginer la première fois où
j'ai été confronté à ce phénomène,
un seul visage et une seule scène se présente à mes
yeux.
Il n'est pas question ici de débattre des qualités musicales
médiocres de Claude François, toujours entendu par la seule
grâce de la mode qui a remis au goût du jour le kitch-disco-paillette,
mais bien de la mise en scène. Aussi bien les chorégraphies
que les bikinis ne me semblent pas des valeurs ajoutées à
la création artistique, mais de simples vitrines. On passera aussi
sur son caractère exigeant virant à la tyrannie envers les
danseuses rebaptisées "Claudettes" pour bien souligner
l'emprise et le lien de propriétaire qu'il avait tissé,
sur ses caprices, sur les exigences de mensurations et les auditions dignes
d'une agence de mannequin. Il n'était probablement pas le premier,
mais celui qui a le plus marqué ma mémoire à vouloir
montrer le maximum de surface cutanée autorisée à
l'époque, sans doute pour inciter un public masculin à reluquer
ses apparitions télévisées et bien digérer
ses mélodies simplistes.
Avait-il une si piètre opinion de son talent pour
user d'autant d'artifices?
22/10/2004
Thésardisation
Il aura fallu toute l'amitié qui me lie à
Manue pour me convaincre de me rendre à Grenoble cette semaine.
Ce n'était pas le plaisir de retrouver cette vieille Faculté,
ni la joie d'assister à cette cérémonie déguisée,
mais l'importance que revêtait pour elle la soutenance de sa thèse.
Tout y était, comme d'habitude, remarquablement bien ritualisé:
Manue déguisée en Harry Potter, et les membres du jury,
gorgés de fierté ont pu faire leur petit numéro d'autocongratulation,
d'exhibition, et d'enculage de mouche sur la façon de présenter
la bibliographie. Un d'entre eux s'est même permis de citer la phrase
la plus sage de la soirée: "Il faut obligatoirement avoir
un ego démesuré pour être chirurgien", soulevant
un soupçon d'opposition de la part des autres membres du jury qui
se sentaient particulièrement visés.
Et encore, ces juges n'étaient pas les dignes représentants
de la caste chirurgicale: ils étaient plasticiens, et pas orthopédistes.
Après une soutenance et des délibérations qui n'en
finissaient pas de flatter le travail de Manue, un rendez-vous était
fixé à l'internat pour arroser son nouveau titre et discuter
de la pertinence d'utiliser la CAO pour la fabrication de prothèse
thoraciques, des derniers cas cliniques rencontrés, des propositions
de postes hospitaliers, des prochains colloques, du dernier roman de Perez-Reverte
(non, là je déconne, ils ne savent pas qui c'est...). Comme
punition pour mon rejet de cet univers et de ses représentants,
je ne connaissais absolument personne dans cette foule faussement mondaine,
et n'éprouvais pas la moindre envie de faire un effort pour lier
conversation. Vraiment rien à leur dire. Il y avait bien quelques
visages vaguement déjà vus, qui étaient déjà
là il y a 5 ans, des internes à perpétuité
voués à rester étudiants toute leur vie, ou semblant
avoir du mal à couper le cordon avec le monde hospitalo-universitaire.
À moins que ce ne soit les fêtes de l'internat avec leurs
chansons paillardes et leurs alcools bon marché qui parviennent
à donner un sens à leur vie.
On pouvait voir aussi par endroits quelques infirmières quadragénaires
tirant vers le quinquagénaire, facilement reconnaissables à
leur coupe courte colorée en roux cuivré, et leur regard
triste de vie routinière.
Je commençais à me fondre avec le mobilier, cherchant du
regard les fresques phalliques et commentées qui caractérisaient
les murs de l'internat il y a quelques années, juste histoire d'avoir
quelque chose à lire et pour me sentir comme un archéologue
qui découvre les témoignages artistiques d’une civilisation
perdue. Plus rien. Elles n'avaient pas été effacées,
mais tous les murs étaient recouverts de papier blanc, sans doute
pour ne pas trop contraster entre l'ambiance champagne-ferrero et les
peintures enfantines de bites qui parlent et qui font de drôles
de rencontres vaginales.
J'avais devant moi un résumé du monde médical: Une
apparence de jet set pour masquer un univers caca-pipi.
19/10/2004
Rapport de Globalia
Demander à un écrivain de préparer un rapport
sur le racisme et l'antisémitisme n'a rien de choquant en soit,
pour peu qu'on soit préparé à une vision subjective.
Mais non seulement le rapport de Jean-Christophe Rufin est centré
principalement sur l'antisémitisme, mais il regorge d’idées
honteuses et partisanes, propres à attiser des conflits plutôt
qu'à les estomper.
Comment peut-on déclarer une horreur
comme "Légitimer la lutte armée des Palestiniens facilite
le passage à l'acte antisémite"... Dois-je comprendre
par là que le combat des palestiniens est illégitime? Il
n'est pas ici question des méthodes, mais du combat. Est-ce à
dire qu'un peuple occupé qui tente de récupérer sa
terre mène un combat illégitime? Ce n'est pourtant pas l'idée
qui transparaît de la résistance pendant la seconde guerre
mondiale...
Que le gouvernement Israélien présente ouvertement la France
comme un pays antisémite ne présente pas de problème,
mais se demander si les raids de tsahal sur des villages entiers n'auraient
pas des relents racistes n'est pas permis. D'ailleurs, dire que le gouvernement
Israélien génère du terrorisme plutôt que le
combattre n'est pas permis non plus, comme on a tenu sous silence les
manifestations du Likoud qui demandaient la mort d'Isaac Rabin. Manifestations
difficilement envisageables dans une démocratie.
Mais les stupidités du rapport
ne s'arrêtent pas là. Il paraît que l'utilisation du
mot "feuj" relève du négationnisme. Est-ce que
l'utilisation du mot keuf implique un doute sur l'existence des attentats
de commissariats? Est-ce que l'utilisation du mot "meuf" revient
à renier l'existence des femmes maltraitées? Attention,
le verlan a aussi été atteint par le virus du tabou. Les
Nuls ont eu beaucoup de chance de ne pas tourner certains sketchs
comme "royal Rabin" et "David et bensousan" en 2004,
année riche en austérité et disparition officielle
de l'humour juif.
Mais tout s'éclaire plus loin dans
le rapport, quand ce charmant écrivain que je vais m'empresser
de boycotter déclare que l'antisémitisme par procuration
est véhiculé par les pensées d'antimondialisation,
antiracistes, écologistes, et d'extrême gauche.
Si je comprends bien, il oppose bien le mouvement antiraciste composé
de p'tits zarabes antisémites, à la population juive. Voilà
de quoi mettre de l'huile sur le feu. Non seulement il prend parti, mais
il affiche ouvertement ses opinions bien encrées à droite.
Même le gouvernement, qui a commandé ce rapport, le défini
comme "personnel", et ils ont dû tomber sur le cul en
lisant ce ramassis de conneries partisanes. Autant dire que le contenu
est à droite de la droite.
Et dire que je croyais que "globalia"
était une critique de la société sarkozienne, il
semblerait que ce soir plutôt un crachat à la face du totalitarisme
d'extrême gauche.
17/10/2004
Un dimanche soir sur la terre
-Ded: Non, mais vraiment, le coups de l'auscultation pendant que le brancard
roule, c'est du pur pipeau. C'est impossible d'entendre quelque chose
dans ces conditions. Mais alors, le top du mytho, c'est quand même
l'histoire de la balle dans la cuisse qui remonte jusqu'au coeur.
-Lyly: Mais c'est qu'ils sont vraiment super
forts, et puis....p'tain, regarde, Kovac il vient de rouler une pelle
à la nouvelle infirmière, il va se la faire...
-Ded: Mouais...t'es en train de me dire
qu'il y a encorer plus d'histoires de cul que dans la clinique de
la forêt noire...?
-Lyly: Pfff...t'as rien à dire.
Toi aussi tu t'es tappé plein d'infirmières aux urgences.
-Ded: Meuhhh, ça n'a rien à
voir.
-Lyly: Ah bon? Elle est où la différence?
-Ded: Euh....On travaillait beaucoup moins.
15/10/2004
Clara et la pénombre (José Carlos
Somoza)
L'univers
artistique en 2004 imaginé par l'auteur est bien différent
du nôtre. Les peintures ne sont plus réalisées sur
des toiles, mais sur des corps. Ou plutôt, elles sont toujours réalisées
sur des toiles, car cette fonction est une profession à part entière.
Bien au-delà d'une simple activité, c'est une réelle
vocation qui demande de multiples sacrifices, et les sujets les plus médiocres
se retrouvent relégués au rang de simples objets décoratifs
ou mobiliers, créant une nouvelle forme de soumission et d'esclavagisme.
C'est dans cet univers étrange mais cohérent que sont commis
des meurtres de toiles, plus considérés comme des destructions
d'oeuvres que des assassinats.
Au-delà de cette intrigue policière qui n'est qu'un fil
directeur, le livre brillamment écrit soulève de façon
subtile de nombreuses questions, notamment sur l'utilitarisme corporel,
la désappropriation de son corps, la soumission et le sacrifice
personnel pour accéder à la gloire, sur la place de l'humain
face à l'art, et la place de l'art dans une société
où tout peut s'acheter, les corps plus que toute autre chose.
13/10/2004
Nous sommes tous innocents
La polémique autour de la réforme judiciaire, et notamment
sur la mise en place du "plaider coupable" semble tassée,
et les seules interventions qui perdurent sont signées par une
résistance d'avocats qui déclarent ouvertement qu'ils sentent
leur profession menacée. Si la raison de cette réforme a
de quoi étonner (une sorte de marchandage de peine pour désengorger
les tribunaux), je n'ai pas la prétention ni les compétences
pour entrevoir les effets bénéfiques ou délétères
d'une telle mesure sur l'esprit de justice. Mais en revanche, la formulation
d'une telle réforme (dont la simplification d'appellation ne pouvait
venir que des états-Unis), conduit inévitablement à
s'interroger sur ce qui se déroulait avant que l'on ait la possibilité
de se déclarer coupable. Cela voulait-il dire qu'on était
dans l'obligation de se déclarer non coupable? Qu'on n'avait pas
la possibilité d'assumer un larcin? Qu'il fallait impérativement
décharger sa responsabilité sur un autre ou sur la façon
dont on a été élevé? Les procès étaient-ils
forcément synonymes de "c'est pas moi, m'sieur. Je l'ai bien
fait, mais ce n'est pas de ma faute..."?
11/10/2004
Made in China
Comment faire quand on ne peut pas introduire des espoirs démocratiques
dans une dictature? Et bien c'est simple: on l'exploite. On cesse de voir
toute trace d'abus d'autorité, et on remplace l'expression "peuple
opprimé" par "fort potentiel économique".
Après avoir fait croire que l'état français était
contre une intervention militaire en Irak au nom des droits de l'homme,
voici la nouvelle information qui tente de rassembler et de réjouir
un peuple entier sous un drapeau et une identité nationale: "Le
voyage de Chirac en Chine, il fait vachement du bien à notre pays,
et à son porte monnaie."
Mais cela ne s'improvise pas, et le programme est serré: Finie
la morale humaniste. Ne plus dire "le droit du peuple prime",
mais "nous sommes pour un rapprochement de nos deux pays", remplacer
"nous sommes soucieux du bien être de la population" par
"nos intérêts convergent". Serrer la main et signer
des traités avec les champions de la répression sous toutes
ses formes, tant que cela peut se mesurer en millions d'euros.
Il y a tout de même un avantage, qui est celui de pouvoir évaluer
le prix de l'éthique simulée du gouvernement français,
confirmant la loi du libéralisme qui dicte que tout a une valeur.
09/10/2004
Le pire est avenir (Maïa Mazaurette)
C'est
avec une certaine appréhension que je me suis attelé à
la lecture du dernier roman de Maïa, avec cette idée de lecteur
exigeant que le roman le plus difficile est le second. Cette théorie
se vérifie d'autant plus que le premier a laissé une impression
positive, condamnant l'auteur à une perpétuelle surenchère
de qualité au fil de ses publications.
Les premières pages lues permettent de confirmer la saveur laissée
par son premier roman: elle sait écrire. Et même très
bien. Toujours ce sens aigue de la métaphore, de la phrase incisive,
de l'idée choc, et l’on sait directement qu'on ne sera jamais
dans le mièvre, le champêtre, et la demi-teinte.
Le contenu du roman est axé autour de deux narrateurs qui vont
alterner leur récit et leurs visions d’un univers plus alternatif
que vraiment futuriste dans lequel les jeunes et les vieux se livrent
une guerre sans merci. Deux grandes parties vont se succéder: la
première va mettre en place le contexte, et les personnages ne
seront que des prétextes pour énoncer des thèmes
chers à Maïa. On pourra y trouver les fossés et le
conflit des générations, la vanité de la maturité
entraînant une absence de reconnaissance de la jeunesse, quelques
vagues règlements de comptes avec la génération de
mai 68, et une peur de tout signe extérieur d'avancée dans
l'âge. Ces deux personnages du clan des "jeunes" servent
tantôt à dénoncer l'autorité et la prétendue
sagesse du grand âge, tantôt à mettre le doigt sur
les paradoxes d'une jeunesse qui a perdu ses illusions, à mi-chemin
entre le "no futur" et "we are the futur".
On retrouve également dans cette première partie du roman
des supports de critique de notre société actuelle et de
la starification qui en découle. On peut même lire: "...Je
voyais les gens se mettre à l'auto-promo permanente, à une
mise en scène de chaque instant. Il fallait devenir un personnage,
une fiction, un bon client. Savoir se vendre, savoir parler de soi. Communiquer,
et peu importe quoi....". La possibilité d'appliquer
cette remarque à l'univers des blogs est troublante.
La seconde partie du roman se révèle moins introspective,
et reste plus narrative, avec une succession d'évènements
et d'aventures au rythme irrégulier que vont vivre les deux personnages.
Le manque d'implication qu'on peut éprouver vient des personnages
eux-mêmes: ils ne sont attachants à aucun moment, tous deux
plus préoccupés par leur popularité que par la cause
qu'ils défendent, leur combat ressemblant plus à une compétition,
une course à la gloire, la renommée, et la reconnaissance.
Tout ce décor mettra en avant les caractères torturés
en ambivalents de ces deux snipers: l'un vaniteux et cynique, l'autre
ambitieux et animé d'une passion destructrice.
Toute cette rébellion prend des allures de jeux vidéo, à
l'image des pseudos que chaque jeune s'est attribué, les luttes
internes régissant et compliquant le chaos ambiant où les
alliés d'un temps peuvent devenir les pires ennemis.
On parvient toutefois à extraire le message du paradoxe de ce combat,
avec la reproduction par les jeunes de tout ce qu'ils pouvaient reprocher
à leurs aînés: l'esprit corporatiste devient un esprit
de clan, l'indifférence face aux plus faibles devient l'exécution
des plus faibles, une classe intellectuelle qui tente toujours de manipuler
les troupes dans l'ombre, la quête individuelle du pouvoir et l'abus
de l'autorité, avec en supplément l'impossibilité
d'y insuffler la moindre organisation. À côté de la
noirceur de l'univers du roman, la noirceur humaine semble encore plus
grande, pas une once d'espoir ne transparaît, et ce qui pouvait
passer pour de la misanthropie tourne au nihilisme, les idéaux
balayés au profit d'une tuerie où seul le nombre de morts
compte.
On sort un peu éprouvé de cette lecture qui aurait supporté
un peu plus d'humanité, et pas seulement son côté
sombre. Le différentiel entre la Maïa attachante de son premier
roman et les ténèbres du second est trop important pour
ne pas être surpris par le contenu.
Ces remarques nuancées n'altèrent pas pour autant mon opinion
sur ses qualités littéraires, et je continue à croire
en sa carrière de romancière. Cette approche très
entière des personnages ne peut qu'évoluer, maintenant que
je sais, grâce à son roman, qu'elle vient de passer dans
le camps des vieux...
06/10/2004
Pourquoi j'ai lié Inkorrect
Je n'ai pas forcément l'habitude de justifier
mes liens, mais John
B. Root se trouve sur mon site pour deux raisons.
La première concerne toutes les idées et images, ambivalentes
et incohérentes qui entourent la pornographie. Je suis littéralement
affligé par l’aura honteuse et taboue qui gravite autour
de la sexualité en général, et de la pornographie
en particulier. L'érotisme dans une certaine mesure, mais surtout
la pornographie remplissent et remplieront toujours, à mon sens,
une fonction que rien d'autre ne pourra remplacer, quelle que soit l'évolution
des moeurs et des interdits induits par la morale populaire. Plus cette
morale deviendra forte et rigide, au plus les frustrations se développant
nécessiteront des soupapes de satisfaction. Plus cette morale sera
effacée, et plus la pornographie sera acceptée en tant qu'outil
légitime pour parvenir à sa propre satisfaction sexuelle.
Nier l'utilité de la pornographie revient à refouler sa
propre part de fantasme, à considérer que la sexualité
doit obéir à des normes strictes, et que celle des autres
est forcément mauvaise. Mais peut-être que pour certains
c'est une véritable souffrance de constater le gouffre entre la
médiocrité de leur vie sexuelle et la mise en image de ce
qu'ils auraient aimé qu'elle soit...
J'espère que mon manque de connaissance et d'expérience
dans ce domaine ne m'empêche pas de le défendre, mais mon
manque d'implication personnelle ne peut que valoriser le regard extérieur
que je peux porter au phénomène.
La seconde raison concerne le personnage. En dehors de son nom que l'on
retient facilement, je l'ai vu et entendu la première fois lors
d'une interview, pendant cette sombre période où tout le
monde cherchait un responsable aux "tournantes", et la pornographie
semblait remplir le cahier des charges. C'était un peu comme tenter
de nous faire gober que Marilyn Manson était responsable des violences
aux états-Unis. John démontrait la débilité
de cette chasse aux sorcières avec des arguments qui exposaient
tout ce que je pouvais penser sur le sujet.
Je ne connais pas son travail cinématographique, mais j'aime ce
qu'il écrit, son absence d'inhibition de langage, et l'impression
qu'il donne d'être affranchi des contraintes morales et du jugement
des classes sociales bien pensantes.
J'ai toujours aimé le politikement inkorrect.
05/10/2004
Fight Wine Club
-Lyly: Le patron du domaine est vraiment un connard. Non
seulement il ne paye pas les heures sup' pendant les vendanges, mais il
continue à me faire rester tard pendant la semaine.
Je pense que je vais me venger...
....Et si je pissais dans les cuves de fermentation?
-Ded: Ouais, c'est une
super idée. C'est ton côté Tyler Durden qui ressort.
C'est moins concentré que dans une soupière, mais c'est
le geste qui compte.
-Lyly: Quoi...? Tu n'essaies
même pas de m'en dissuader?
-Ded: Ben, non...et si
tu pouvais ramener une photo, ça serait pas mal non plus...
04/10/2004
La marche des fossiles
Après plusieurs années d'animation dans les galeries marchandes
des villes de province, Sylvie Vartan a décidé de rejoindre
le club des chanteurs ruinés qui veulent redorer leur blason et
leur compte en banque par le biais d'un officiel "come back".
Comme la promotion du rayon charcuterie n'entretient pas l'organe vocal,
une partie de ses concerts sera en playback. On aurait presque pitié
d'elle.
03/10/2004
Une vision de l'égalité ibérique
Une pensée admirative et sans restriction pour le gouvernent espagnol
de Zapatero qui va enfin démontrer une avancée sociale décisive
de son pays en légalisant
le mariage homosexuel et l'adoption d'enfants. L'enthousiasme n'est pas
dans la proposition, mais dans l'approbation de la population. Comme on
pouvait s'y attendre, les seuls opposants au projets étaient les
représentants de l'église catholique avec leurs arguments
réactionnaires qui tentent encore de faire passer l'homosexualité
pour une maladie contagieuse et perverse. Leur propre vision de l'égalité
et de la tolérance, en somme.
02/10/2004
Kan je sai pa trop, je cherch sur intrenete
L'internaute qui a attéri sur mon site en entrant
"que se serait il si il ni aurait plus de loi"
est prié de se rendre sur ce
site. (ou accessoirement sur le site des anarchistes illétrés).
01/10/2004
Réquisitoire d'état
Certains sujets insignifiants se trouvent parfois relevés et commentés
dans la grande majorité des blogs, alors que d'autres, propres
à vous glacer le sang, ne trouvent écho qu'en quelques sites
tenus par une poignée de rebelles attentifs qui semblent garder
une certaine forme d'idéal ou de lucidité. Ainsi, on trouve
plus facilement les récits des derniers repas du Mc Do ou les dernières
murges vomitoires que le dégueulasse résultat du référendum
réalisé en Suisse. Le résultat en lui-même
n'est pas vraiment une surprise, et confirme deux idées antagonistes
qui m'habitent depuis plusieurs années: la première est
celle de ma très mauvaise expérience de travail près
de la frontière franco-suisse, avec l'impression d'avoir été
méprisé comme un provincial indigne de la fortune perceptible
à tous les coins de rue, et de devoir me conformer à la
rigueur des lois, en contradiction avec l'argent douteux blanchi sous
couvert du secret bancaire. La seconde idée est que cette expérience
n'est en rien une règle, et que le pays devait forcément
regorger d'opposants à cette confédération si particulière.
La preuve de cette réalité se trouve en lisant les blogs
de P777 et dev/random
qui semblent se morfondre devant la direction politique et idéologique
que prend leur pays.
Aussi, alors qu'il est facile de voir la paille dans l'oeil du voisin,
il est bien plus difficile de prendre le recul nécessaire pour
voir la soupe indigeste qu'on tente de nous faire gober à l'intérieur
de nos propres frontières, dont la digestion est facilitée
par l'amnésie des concitoyens, qui resteront dociles tant qu'on
leur donnera du pain et des jeux. En réponse à ces deux
blogueurs qui oscillent entre rage et honte, je répondrais que
je n'éprouve aucune fierté de vivre en France, avec son
fardeau de relents autoritaires et corrompus.
C'est bien en France qu'un parti d'extrême droite était présent
au deuxième tour des élections présidentielles.
C'est bien en France que des indépendantistes régionaux
rackettent et occupent des terres qui ne leur appartiennent pas, et pratiquent
officiellement une politique de ségrégation raciale.
C'est bien la France qui a repris les essais nucléaires dans le
Pacifique de 1995 à 1998, au mépris et contre l'avis de
la communauté internationale.
C'est bien en France que nous avons de faux
dénonciateurs d'injustices sociales qui se comportent comme
des patrons libéraux à leurs heures.
C'est bien en France que les membres du gouvernement placent leur amis
à la tête des grandes entreprises d'état en ignorant
les lois de limite d'âge.
C'est bien en France que l'ancien maire de la capitale, devenu président,
dépensait 4000 Frs par jour pour se nourrir, et ne peut pas être
inquiété par la justice.
Rassurez-vous, la pourriture n'est pas Suisse. Inquiétons-nous,
je crois qu'elle est humaine.
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