30/10/2004

Otez cette graisse que je ne saurais voir
Pour propager une idée caricaturale, rien de tel qu'un article médical sans rigueur, relayé par une information au titre simplifié. Si on reste à une première lecture de cet article, on pourrait presque en conclure qu'il ne faut pas faire de régime, mais courir chez son chirurgien pour de meilleurs résultats. Au-delà du titre racoleur et débordant de fausses vérités, l'article est un cas d'école de parti pris médical voué à la désinformation, et les failles sautent aux yeux.
Il n'y a déjà aucune allusion aux causes de l'obésité ce qui semble plus qu'utile quand on propose des solutions. On retrouve directement le comportement binaire de certaines branches médicales qui ne visent qu'à combattre les conséquences d'une maladie, et non son origine.
Ensuite, on ne constate que des observations consécutives aux interventions, mais rien n'est analysé sur le long terme, pas un seul mot sur la nécessité d'une prise en charge alimentaire, pas une seule allusion à la participation comportementale de l'obésité, rien sur le taux de rechute. La façon de traiter l'information pourrait presque faire penser que l'obésité s'opère comme une fracture, et que tout rentre dans l'ordre avec quelques coups de bistouri.


26/10/2004

Addenda au post précédent
Suite à la réaction de T dans son post, je me vois contraint de reprendre les armes de l'argumentation, encouragé par mes tendances anticléricales et paillettekiller. Je vais donc reprendre point par point toutes les réflexions et réactions que m'inspire ce post...

Mon très cher T,

1-Dois-je comprendre que pour toi, la nudité vaticane était également un argument de vente, une image racoleuse pour accroître le nombre de fidèles? Cela semble en contradiction avec les rituels qui poussent à l'antéflexion de la tête, et la position des fresques au plafond. Doit-on y voir une piste de théorie sur une technique de repérage des fidèles impurs qui levaient la tête au lieu de la baisser, ceux qui ne voyaient pas qu'une bougie en observant un cierge?

2-Certes, Adam possédait indéniablement un micro-pénis, mais il ne faut pas oublier qu'il n'était pas censé s'en servir.

3-Eve eut été bien plus humiliée si l'artiste l'avait représentée avec des bottes et un string à paillette. La feuille de pommier ne lui va pas si mal.

4-Les féministes auraient dû s'attaquer à ces fresques, non pas pour leur utilisation, mais pour la façon de les représenter (quoi que, on voit bien qu'Adam, pas très éveillé au savoir, n'est pas à son avantage non plus).

5-Je me félicite de ne pas être un homme paléolithique.

6-Je revendique mon absence de participation aux chorégraphies Travoltesques, et je n’avais nullement besoin de ce genre d’artifice en guise de parade amoureuse. Je ne suis nullement frustré de ne pas avoir participé à ce genre d’exhibition humiliante. (Si si, ressorts les photos, et tu vas moins faire le fier. Même pas cap’ de les publier sur NouS…).
Les mélodies d'"Alexendrie-Alexandra" ou "Le téléphone pleure" n'éveille pas des réjouissances, mais le souvenir de pénibles journées dominicales en famille que je vais bien devoir raconter un jour.

7-Effectivement, tu m’as convaincu que cloclo n'a rien inventé (en dehors d'une forme de proxénétisme scénique).

8-Comment accorder un quelconque crédit et une référence festive à un type qui ne sait même pas se servir d'un sèche-cheveux dans une baignoire.

9-Mais sache donc, cher amateur et compagnon de danseuse gracieuse, que les mœurs contemporaines se dirigent à nouveau vers les formes généreuses, et que si ce rythme est maintenu, dans quelques décennies, Z fera figure de neurasthénique dénutrie, avec une indication urgente de cure nutritionnelle à la Mcdoclinic.
(Mais des noms, que diable, à propos de clips de jeunes sauvageons que je ne puis voir à cause de ma désaffection télévisée récurrente).

10-Je m'en vais de ce pas réagir sur certaines idées préconçues qui circulent concernant les traitements de l'obésité.


25/10/2004

Cloclo, ce pionnier publicitaire
Les publicitaires sont fréquemment la cible d'associations féministes, et franchement, quand on voit l'utilisation d'un décolleté profond pour vendre une voiture, on ne peut que leur donner raison. Mais si les réactions sont directes et systématiques, cette utilisation de la femme en tant qu'argument de vente semble plutôt ancienne, et chaque fois que je tente d'imaginer la première fois où j'ai été confronté à ce phénomène, un seul visage et une seule scène se présente à mes yeux.


Il n'est pas question ici de débattre des qualités musicales médiocres de Claude François, toujours entendu par la seule grâce de la mode qui a remis au goût du jour le kitch-disco-paillette, mais bien de la mise en scène. Aussi bien les chorégraphies que les bikinis ne me semblent pas des valeurs ajoutées à la création artistique, mais de simples vitrines. On passera aussi sur son caractère exigeant virant à la tyrannie envers les danseuses rebaptisées "Claudettes" pour bien souligner l'emprise et le lien de propriétaire qu'il avait tissé, sur ses caprices, sur les exigences de mensurations et les auditions dignes d'une agence de mannequin. Il n'était probablement pas le premier, mais celui qui a le plus marqué ma mémoire à vouloir montrer le maximum de surface cutanée autorisée à l'époque, sans doute pour inciter un public masculin à reluquer ses apparitions télévisées et bien digérer ses mélodies simplistes.

Avait-il une si piètre opinion de son talent pour user d'autant d'artifices?


22/10/2004

Thésardisation
Il aura fallu toute l'amitié qui me lie à Manue pour me convaincre de me rendre à Grenoble cette semaine. Ce n'était pas le plaisir de retrouver cette vieille Faculté, ni la joie d'assister à cette cérémonie déguisée, mais l'importance que revêtait pour elle la soutenance de sa thèse. Tout y était, comme d'habitude, remarquablement bien ritualisé: Manue déguisée en Harry Potter, et les membres du jury, gorgés de fierté ont pu faire leur petit numéro d'autocongratulation, d'exhibition, et d'enculage de mouche sur la façon de présenter la bibliographie. Un d'entre eux s'est même permis de citer la phrase la plus sage de la soirée: "Il faut obligatoirement avoir un ego démesuré pour être chirurgien", soulevant un soupçon d'opposition de la part des autres membres du jury qui se sentaient particulièrement visés.
Et encore, ces juges n'étaient pas les dignes représentants de la caste chirurgicale: ils étaient plasticiens, et pas orthopédistes.
Après une soutenance et des délibérations qui n'en finissaient pas de flatter le travail de Manue, un rendez-vous était fixé à l'internat pour arroser son nouveau titre et discuter de la pertinence d'utiliser la CAO pour la fabrication de prothèse thoraciques, des derniers cas cliniques rencontrés, des propositions de postes hospitaliers, des prochains colloques, du dernier roman de Perez-Reverte (non, là je déconne, ils ne savent pas qui c'est...). Comme punition pour mon rejet de cet univers et de ses représentants, je ne connaissais absolument personne dans cette foule faussement mondaine, et n'éprouvais pas la moindre envie de faire un effort pour lier conversation. Vraiment rien à leur dire. Il y avait bien quelques visages vaguement déjà vus, qui étaient déjà là il y a 5 ans, des internes à perpétuité voués à rester étudiants toute leur vie, ou semblant avoir du mal à couper le cordon avec le monde hospitalo-universitaire. À moins que ce ne soit les fêtes de l'internat avec leurs chansons paillardes et leurs alcools bon marché qui parviennent à donner un sens à leur vie.
On pouvait voir aussi par endroits quelques infirmières quadragénaires tirant vers le quinquagénaire, facilement reconnaissables à leur coupe courte colorée en roux cuivré, et leur regard triste de vie routinière.
Je commençais à me fondre avec le mobilier, cherchant du regard les fresques phalliques et commentées qui caractérisaient les murs de l'internat il y a quelques années, juste histoire d'avoir quelque chose à lire et pour me sentir comme un archéologue qui découvre les témoignages artistiques d’une civilisation perdue. Plus rien. Elles n'avaient pas été effacées, mais tous les murs étaient recouverts de papier blanc, sans doute pour ne pas trop contraster entre l'ambiance champagne-ferrero et les peintures enfantines de bites qui parlent et qui font de drôles de rencontres vaginales.
J'avais devant moi un résumé du monde médical: Une apparence de jet set pour masquer un univers caca-pipi.


19/10/2004

Rapport de Globalia
Demander à un écrivain de préparer un rapport sur le racisme et l'antisémitisme n'a rien de choquant en soit, pour peu qu'on soit préparé à une vision subjective. Mais non seulement le rapport de Jean-Christophe Rufin est centré principalement sur l'antisémitisme, mais il regorge d’idées honteuses et partisanes, propres à attiser des conflits plutôt qu'à les estomper.

Comment peut-on déclarer une horreur comme "Légitimer la lutte armée des Palestiniens facilite le passage à l'acte antisémite"... Dois-je comprendre par là que le combat des palestiniens est illégitime? Il n'est pas ici question des méthodes, mais du combat. Est-ce à dire qu'un peuple occupé qui tente de récupérer sa terre mène un combat illégitime? Ce n'est pourtant pas l'idée qui transparaît de la résistance pendant la seconde guerre mondiale...
Que le gouvernement Israélien présente ouvertement la France comme un pays antisémite ne présente pas de problème, mais se demander si les raids de tsahal sur des villages entiers n'auraient pas des relents racistes n'est pas permis. D'ailleurs, dire que le gouvernement Israélien génère du terrorisme plutôt que le combattre n'est pas permis non plus, comme on a tenu sous silence les manifestations du Likoud qui demandaient la mort d'Isaac Rabin. Manifestations difficilement envisageables dans une démocratie.

Mais les stupidités du rapport ne s'arrêtent pas là. Il paraît que l'utilisation du mot "feuj" relève du négationnisme. Est-ce que l'utilisation du mot keuf implique un doute sur l'existence des attentats de commissariats? Est-ce que l'utilisation du mot "meuf" revient à renier l'existence des femmes maltraitées? Attention, le verlan a aussi été atteint par le virus du tabou. Les Nuls ont eu beaucoup de chance de ne pas tourner certains sketchs comme "royal Rabin" et "David et bensousan" en 2004, année riche en austérité et disparition officielle de l'humour juif.

Mais tout s'éclaire plus loin dans le rapport, quand ce charmant écrivain que je vais m'empresser de boycotter déclare que l'antisémitisme par procuration est véhiculé par les pensées d'antimondialisation, antiracistes, écologistes, et d'extrême gauche.
Si je comprends bien, il oppose bien le mouvement antiraciste composé de p'tits zarabes antisémites, à la population juive. Voilà de quoi mettre de l'huile sur le feu. Non seulement il prend parti, mais il affiche ouvertement ses opinions bien encrées à droite.
Même le gouvernement, qui a commandé ce rapport, le défini comme "personnel", et ils ont dû tomber sur le cul en lisant ce ramassis de conneries partisanes. Autant dire que le contenu est à droite de la droite.

Et dire que je croyais que "globalia" était une critique de la société sarkozienne, il semblerait que ce soir plutôt un crachat à la face du totalitarisme d'extrême gauche.


17/10/2004

Un dimanche soir sur la terre
-Ded: Non, mais vraiment, le coups de l'auscultation pendant que le brancard roule, c'est du pur pipeau. C'est impossible d'entendre quelque chose dans ces conditions. Mais alors, le top du mytho, c'est quand même l'histoire de la balle dans la cuisse qui remonte jusqu'au coeur.

-Lyly: Mais c'est qu'ils sont vraiment super forts, et puis....p'tain, regarde, Kovac il vient de rouler une pelle à la nouvelle infirmière, il va se la faire...

-Ded: Mouais...t'es en train de me dire qu'il y a encorer plus d'histoires de cul que dans la clinique de la forêt noire...?

-Lyly: Pfff...t'as rien à dire. Toi aussi tu t'es tappé plein d'infirmières aux urgences.

-Ded: Meuhhh, ça n'a rien à voir.

-Lyly: Ah bon? Elle est où la différence?

-Ded: Euh....On travaillait beaucoup moins.


15/10/2004

Clara et la pénombre (José Carlos Somoza)
L'univers artistique en 2004 imaginé par l'auteur est bien différent du nôtre. Les peintures ne sont plus réalisées sur des toiles, mais sur des corps. Ou plutôt, elles sont toujours réalisées sur des toiles, car cette fonction est une profession à part entière. Bien au-delà d'une simple activité, c'est une réelle vocation qui demande de multiples sacrifices, et les sujets les plus médiocres se retrouvent relégués au rang de simples objets décoratifs ou mobiliers, créant une nouvelle forme de soumission et d'esclavagisme. C'est dans cet univers étrange mais cohérent que sont commis des meurtres de toiles, plus considérés comme des destructions d'oeuvres que des assassinats.
Au-delà de cette intrigue policière qui n'est qu'un fil directeur, le livre brillamment écrit soulève de façon subtile de nombreuses questions, notamment sur l'utilitarisme corporel, la désappropriation de son corps, la soumission et le sacrifice personnel pour accéder à la gloire, sur la place de l'humain face à l'art, et la place de l'art dans une société où tout peut s'acheter, les corps plus que toute autre chose.


13/10/2004

Nous sommes tous innocents
La polémique autour de la réforme judiciaire, et notamment sur la mise en place du "plaider coupable" semble tassée, et les seules interventions qui perdurent sont signées par une résistance d'avocats qui déclarent ouvertement qu'ils sentent leur profession menacée. Si la raison de cette réforme a de quoi étonner (une sorte de marchandage de peine pour désengorger les tribunaux), je n'ai pas la prétention ni les compétences pour entrevoir les effets bénéfiques ou délétères d'une telle mesure sur l'esprit de justice. Mais en revanche, la formulation d'une telle réforme (dont la simplification d'appellation ne pouvait venir que des états-Unis), conduit inévitablement à s'interroger sur ce qui se déroulait avant que l'on ait la possibilité de se déclarer coupable. Cela voulait-il dire qu'on était dans l'obligation de se déclarer non coupable? Qu'on n'avait pas la possibilité d'assumer un larcin? Qu'il fallait impérativement décharger sa responsabilité sur un autre ou sur la façon dont on a été élevé? Les procès étaient-ils forcément synonymes de "c'est pas moi, m'sieur. Je l'ai bien fait, mais ce n'est pas de ma faute..."?


11/10/2004

Made in China
Comment faire quand on ne peut pas introduire des espoirs démocratiques dans une dictature? Et bien c'est simple: on l'exploite. On cesse de voir toute trace d'abus d'autorité, et on remplace l'expression "peuple opprimé" par "fort potentiel économique".
Après avoir fait croire que l'état français était contre une intervention militaire en Irak au nom des droits de l'homme, voici la nouvelle information qui tente de rassembler et de réjouir un peuple entier sous un drapeau et une identité nationale: "Le voyage de Chirac en Chine, il fait vachement du bien à notre pays, et à son porte monnaie."
Mais cela ne s'improvise pas, et le programme est serré: Finie la morale humaniste. Ne plus dire "le droit du peuple prime", mais "nous sommes pour un rapprochement de nos deux pays", remplacer "nous sommes soucieux du bien être de la population" par "nos intérêts convergent". Serrer la main et signer des traités avec les champions de la répression sous toutes ses formes, tant que cela peut se mesurer en millions d'euros.
Il y a tout de même un avantage, qui est celui de pouvoir évaluer le prix de l'éthique simulée du gouvernement français, confirmant la loi du libéralisme qui dicte que tout a une valeur.


09/10/2004

Le pire est avenir (Maïa Mazaurette)
C'est avec une certaine appréhension que je me suis attelé à la lecture du dernier roman de Maïa, avec cette idée de lecteur exigeant que le roman le plus difficile est le second. Cette théorie se vérifie d'autant plus que le premier a laissé une impression positive, condamnant l'auteur à une perpétuelle surenchère de qualité au fil de ses publications.
Les premières pages lues permettent de confirmer la saveur laissée par son premier roman: elle sait écrire. Et même très bien. Toujours ce sens aigue de la métaphore, de la phrase incisive, de l'idée choc, et l’on sait directement qu'on ne sera jamais dans le mièvre, le champêtre, et la demi-teinte.
Le contenu du roman est axé autour de deux narrateurs qui vont alterner leur récit et leurs visions d’un univers plus alternatif que vraiment futuriste dans lequel les jeunes et les vieux se livrent une guerre sans merci. Deux grandes parties vont se succéder: la première va mettre en place le contexte, et les personnages ne seront que des prétextes pour énoncer des thèmes chers à Maïa. On pourra y trouver les fossés et le conflit des générations, la vanité de la maturité entraînant une absence de reconnaissance de la jeunesse, quelques vagues règlements de comptes avec la génération de mai 68, et une peur de tout signe extérieur d'avancée dans l'âge. Ces deux personnages du clan des "jeunes" servent tantôt à dénoncer l'autorité et la prétendue sagesse du grand âge, tantôt à mettre le doigt sur les paradoxes d'une jeunesse qui a perdu ses illusions, à mi-chemin entre le "no futur" et "we are the futur".
On retrouve également dans cette première partie du roman des supports de critique de notre société actuelle et de la starification qui en découle. On peut même lire: "...Je voyais les gens se mettre à l'auto-promo permanente, à une mise en scène de chaque instant. Il fallait devenir un personnage, une fiction, un bon client. Savoir se vendre, savoir parler de soi. Communiquer, et peu importe quoi....". La possibilité d'appliquer cette remarque à l'univers des blogs est troublante.
La seconde partie du roman se révèle moins introspective, et reste plus narrative, avec une succession d'évènements et d'aventures au rythme irrégulier que vont vivre les deux personnages. Le manque d'implication qu'on peut éprouver vient des personnages eux-mêmes: ils ne sont attachants à aucun moment, tous deux plus préoccupés par leur popularité que par la cause qu'ils défendent, leur combat ressemblant plus à une compétition, une course à la gloire, la renommée, et la reconnaissance. Tout ce décor mettra en avant les caractères torturés en ambivalents de ces deux snipers: l'un vaniteux et cynique, l'autre ambitieux et animé d'une passion destructrice.
Toute cette rébellion prend des allures de jeux vidéo, à l'image des pseudos que chaque jeune s'est attribué, les luttes internes régissant et compliquant le chaos ambiant où les alliés d'un temps peuvent devenir les pires ennemis.
On parvient toutefois à extraire le message du paradoxe de ce combat, avec la reproduction par les jeunes de tout ce qu'ils pouvaient reprocher à leurs aînés: l'esprit corporatiste devient un esprit de clan, l'indifférence face aux plus faibles devient l'exécution des plus faibles, une classe intellectuelle qui tente toujours de manipuler les troupes dans l'ombre, la quête individuelle du pouvoir et l'abus de l'autorité, avec en supplément l'impossibilité d'y insuffler la moindre organisation. À côté de la noirceur de l'univers du roman, la noirceur humaine semble encore plus grande, pas une once d'espoir ne transparaît, et ce qui pouvait passer pour de la misanthropie tourne au nihilisme, les idéaux balayés au profit d'une tuerie où seul le nombre de morts compte.
On sort un peu éprouvé de cette lecture qui aurait supporté un peu plus d'humanité, et pas seulement son côté sombre. Le différentiel entre la Maïa attachante de son premier roman et les ténèbres du second est trop important pour ne pas être surpris par le contenu.

Ces remarques nuancées n'altèrent pas pour autant mon opinion sur ses qualités littéraires, et je continue à croire en sa carrière de romancière. Cette approche très entière des personnages ne peut qu'évoluer, maintenant que je sais, grâce à son roman, qu'elle vient de passer dans le camps des vieux...


06/10/2004

Pourquoi j'ai lié Inkorrect
Je n'ai pas forcément l'habitude de justifier mes liens, mais John B. Root se trouve sur mon site pour deux raisons.
La première concerne toutes les idées et images, ambivalentes et incohérentes qui entourent la pornographie. Je suis littéralement affligé par l’aura honteuse et taboue qui gravite autour de la sexualité en général, et de la pornographie en particulier. L'érotisme dans une certaine mesure, mais surtout la pornographie remplissent et remplieront toujours, à mon sens, une fonction que rien d'autre ne pourra remplacer, quelle que soit l'évolution des moeurs et des interdits induits par la morale populaire. Plus cette morale deviendra forte et rigide, au plus les frustrations se développant nécessiteront des soupapes de satisfaction. Plus cette morale sera effacée, et plus la pornographie sera acceptée en tant qu'outil légitime pour parvenir à sa propre satisfaction sexuelle. Nier l'utilité de la pornographie revient à refouler sa propre part de fantasme, à considérer que la sexualité doit obéir à des normes strictes, et que celle des autres est forcément mauvaise. Mais peut-être que pour certains c'est une véritable souffrance de constater le gouffre entre la médiocrité de leur vie sexuelle et la mise en image de ce qu'ils auraient aimé qu'elle soit...
J'espère que mon manque de connaissance et d'expérience dans ce domaine ne m'empêche pas de le défendre, mais mon manque d'implication personnelle ne peut que valoriser le regard extérieur que je peux porter au phénomène.
La seconde raison concerne le personnage. En dehors de son nom que l'on retient facilement, je l'ai vu et entendu la première fois lors d'une interview, pendant cette sombre période où tout le monde cherchait un responsable aux "tournantes", et la pornographie semblait remplir le cahier des charges. C'était un peu comme tenter de nous faire gober que Marilyn Manson était responsable des violences aux états-Unis. John démontrait la débilité de cette chasse aux sorcières avec des arguments qui exposaient tout ce que je pouvais penser sur le sujet.
Je ne connais pas son travail cinématographique, mais j'aime ce qu'il écrit, son absence d'inhibition de langage, et l'impression qu'il donne d'être affranchi des contraintes morales et du jugement des classes sociales bien pensantes.
J'ai toujours aimé le politikement inkorrect.


05/10/2004

Fight Wine Club
-Lyly: Le patron du domaine est vraiment un connard. Non seulement il ne paye pas les heures sup' pendant les vendanges, mais il continue à me faire rester tard pendant la semaine. Je pense que je vais me venger...
....Et si je pissais dans les cuves de fermentation?

-Ded: Ouais, c'est une super idée. C'est ton côté Tyler Durden qui ressort. C'est moins concentré que dans une soupière, mais c'est le geste qui compte.

-Lyly: Quoi...? Tu n'essaies même pas de m'en dissuader?

-Ded: Ben, non...et si tu pouvais ramener une photo, ça serait pas mal non plus...


04/10/2004

La marche des fossiles
Après plusieurs années d'animation dans les galeries marchandes des villes de province, Sylvie Vartan a décidé de rejoindre le club des chanteurs ruinés qui veulent redorer leur blason et leur compte en banque par le biais d'un officiel "come back". Comme la promotion du rayon charcuterie n'entretient pas l'organe vocal, une partie de ses concerts sera en playback. On aurait presque pitié d'elle.


03/10/2004

Une vision de l'égalité ibérique
Une pensée admirative et sans restriction pour le gouvernent espagnol de Zapatero qui va enfin démontrer une avancée sociale décisive de son pays en légalisant le mariage homosexuel et l'adoption d'enfants. L'enthousiasme n'est pas dans la proposition, mais dans l'approbation de la population. Comme on pouvait s'y attendre, les seuls opposants au projets étaient les représentants de l'église catholique avec leurs arguments réactionnaires qui tentent encore de faire passer l'homosexualité pour une maladie contagieuse et perverse. Leur propre vision de l'égalité et de la tolérance, en somme.


02/10/2004

Kan je sai pa trop, je cherch sur intrenete
L'internaute qui a attéri sur mon site en entrant "que se serait il si il ni aurait plus de loi" est prié de se rendre sur ce site. (ou accessoirement sur le site des anarchistes illétrés).


01/10/2004

Réquisitoire d'état
Certains sujets insignifiants se trouvent parfois relevés et commentés dans la grande majorité des blogs, alors que d'autres, propres à vous glacer le sang, ne trouvent écho qu'en quelques sites tenus par une poignée de rebelles attentifs qui semblent garder une certaine forme d'idéal ou de lucidité. Ainsi, on trouve plus facilement les récits des derniers repas du Mc Do ou les dernières murges vomitoires que le dégueulasse résultat du référendum réalisé en Suisse. Le résultat en lui-même n'est pas vraiment une surprise, et confirme deux idées antagonistes qui m'habitent depuis plusieurs années: la première est celle de ma très mauvaise expérience de travail près de la frontière franco-suisse, avec l'impression d'avoir été méprisé comme un provincial indigne de la fortune perceptible à tous les coins de rue, et de devoir me conformer à la rigueur des lois, en contradiction avec l'argent douteux blanchi sous couvert du secret bancaire. La seconde idée est que cette expérience n'est en rien une règle, et que le pays devait forcément regorger d'opposants à cette confédération si particulière. La preuve de cette réalité se trouve en lisant les blogs de P777 et dev/random qui semblent se morfondre devant la direction politique et idéologique que prend leur pays.
Aussi, alors qu'il est facile de voir la paille dans l'oeil du voisin, il est bien plus difficile de prendre le recul nécessaire pour voir la soupe indigeste qu'on tente de nous faire gober à l'intérieur de nos propres frontières, dont la digestion est facilitée par l'amnésie des concitoyens, qui resteront dociles tant qu'on leur donnera du pain et des jeux. En réponse à ces deux blogueurs qui oscillent entre rage et honte, je répondrais que je n'éprouve aucune fierté de vivre en France, avec son fardeau de relents autoritaires et corrompus.
C'est bien en France qu'un parti d'extrême droite était présent au deuxième tour des élections présidentielles.
C'est bien en France que des indépendantistes régionaux rackettent et occupent des terres qui ne leur appartiennent pas, et pratiquent officiellement une politique de ségrégation raciale.
C'est bien la France qui a repris les essais nucléaires dans le Pacifique de 1995 à 1998, au mépris et contre l'avis de la communauté internationale.
C'est bien en France que nous avons de faux dénonciateurs d'injustices sociales qui se comportent comme des patrons libéraux à leurs heures.
C'est bien en France que les membres du gouvernement placent leur amis à la tête des grandes entreprises d'état en ignorant les lois de limite d'âge.
C'est bien en France que l'ancien maire de la capitale, devenu président, dépensait 4000 Frs par jour pour se nourrir, et ne peut pas être inquiété par la justice.

Rassurez-vous, la pourriture n'est pas Suisse. Inquiétons-nous, je crois qu'elle est humaine.