28/09/2004
Comme Une Image (Agnès Jaoui)
Le
débat a toujours fait rage, et continuera, entre ceux qui pensent
que le cinéma est un divertissement, et ceux qui le considèrent
comme une nourriture cérébrale. Donc rien de bien nouveau
dans la vieille polémique: le cinéma est-il un art ou un
spectacle? D'ailleurs, en dehors de quelques films subtils et réussis
qui allient les deux aspects pas forcément antagonistes , c'est
souvent un des deux publics qui est visé, avec une prédominance"grand
public" ou "art et essai". Et puis il y a des films qui
échappent totalement à ces critères. "Comme
une Image" est de ceux-là. Il ne peut pas être considéré
comme un point de départ de réflexion, avec ses thèmes
éculés et usés jusqu'à la trame, que ce soit
l'adolescente rondelette mal dans ses baskets en conflit avec son père,
l'artiste célèbre remarié à une belle jeunette,
l'écrivain incompris qui émerge de l'anonymat, la prof de
chant intéressée, l'impitoyable milieu de l'édition,
et les histoires de couple. Tout ressemble à du déjà
vu, à une Xème version de la nature humaine vue par le couple
Jaoui/Bacri, et la surprise n'est plus au rendez-vous.
Il n'y a rien non plus de divertissant dans ce fourre-tout de moeurs:
les dialogues et les situations sont uniquement fondés sur les
tensions et les conflits humains. On retrouve des nuées d'agressivité
dans chaque réplique, des rapports de force, provoquant plus de
crispation que de détente.
On ne retrouve pas non plus les critiques acerbes d'un snobisme évident
comme dans "Le goût des autres", mais le film semble au
contraire s'enliser dans un nombrilisme artistique parisianisé
à l'extrême, dans lequel on se demande toujours lequel des
personnages est le plus détestable, lequel est le plus arriviste
ou égoïste.
Le point de repère, l'élément fixe du film, reste
Bacri qui ne dénote pas de ses rôles habituels, égal
à lui-même dans l'interprétation, et on se surprend
à réaliser que les tentatives pour arracher un sourire au
spectateur sont basées sur la répartie odieuse, l'humiliation
verbale, et la mauvaise foi agressive.
On pourrait presque croire à une ode à l'insulte, et à
la morale de la raison de celui qui gueule le plus fort.
25/09/2004
Les livres oubliés
Françoise Sagan est morte. Ce n'est pas vraiment ainsi que l'information
a été présentée, à la faveur de formules
plus édulcorées comme "nous a quitté",
ou "a disparu", bien moins choquantes que cet indécent
mot de "mort". Et ce n'est pas non plus l'écrivain qui
est morte, mais l'excessive, la starlette, la cocaïnomane, la célébrité,
l'amie des politiques, la flambeuse. Bien sur, toutes ces caractéristiques
listées dans le moindre détail et sans la moindre pudeur
n'enlèvent rien à ses qualités, le moment du décès
ayant la faculté de transposer n'importe quelle créature
dans l'univers éternel de la vertu et de la respectabilité.
De ses qualités littéraires, il en est rarement question,
juste survolées pour expliquer sa précoce célébrité,
et surtout parcequ'on sait que tout le monde va plus facilement retenir
son accident d'auto que l'ensemble de son oeuvre. Que les mots sont ennuyeux
face à une vie à Saint Tropez, le gain aux jeux, les cocktails
mondains, et même la mort d'une romancière ne suffit pas
à faire sortir l'univers littéraire de sa confidentialité,
préférant jouer la stratégie informative de la presse
people. J'aurais tant aimé entendre parler de ses livres, l'écouter
faire le lien entre son inspiration et ses écrits, mais les lettres
semblent une fois de plus couvertes d'une épaisse couche de paillettes,
et son art et ses secrets l'ont suivi dans sa tombe.
23/09/2004
La vérité sort de la bouche de
Google
Je remercie vivement l'internaute qui a découvert
mon site en entrant les mots clés "amelie nothomb chiant".
22/09/2004
Dirty Talk Show
Suite à quelques cuisantes défaites à
Mario Kart, J'ai pris la décision de subir un entraînement
régulier afin de maîtriser les dérapages et le judicieux
lâcher de banane sur la piste. Ces séances étant éprouvantes
de par la concentration extrême qu'elles exigent, c'est le dos engourdi,
la langue flanquée de traces de morsures, et les doigts tétanisés
que j'éteins la console. Pensant alors pouvoir me détendre,
c'est là que tout ce complique: Le sympathique Mario et toute sa
bande disparaissent pour laisser la place aux programmes télévisés.
Certains soirs, l'étalage de toutes les débilités
qui se déversent subitement ne parvient pas à m'émouvoir,
et la pression du bouton arrêt est sans appel.
Mais il y a quelques jours, le sommet atteint par une chaîne publique
a réussi à m'hypnotiser et à me faire revenir sur
mon préjugé qui avait classé Ardisson comme le plus
mauvais animateur des plus mauvaises émissions: Il est au coude
à coude avec Fogiel.
L'avantage d'un Talk Show, c'est qu'il repose sur une recette bien rodée
qu'on peut reprendre à l'infini. Il faut un plateau avec une table
et des chaises, un public obéissant, et un animateur incisif qui
va régulièrement provoquer les invités pour leur
faire dire ce qu'ils ne pensaient pas avant de venir. Le contenu importe
peu, et ressemble à du n'importe quoi, mais tout le monde s'en
fout: le seul intérêt que trouve le public, c'est le conflit,
la polémique, l'humiliation, et les blagues bien grasses. On pourrait
imaginer une réticence pour aller se prendre des questions stupides
ou des attaques, mais les invités semblent se bousculer, toujours
prêts à se vendre pour faire la promo de leur dernier spectacle,
dernier album, dernier livre, ou tout simplement montrer qu'ils existent
encore. La particularité de Fogiel, c'est qu'il ne joue pas l'attaque
frontale comme Ardison, mais il préfère donner une impression
de respectabilité, tente de jouer les psychologues de comptoir,
mais sans oublier de conserver un petit air strict et hargneux, au cas
ou l'invité tomberait dans le panneau.
Je n'ai bien sûr pas pu regarder l'émission en entier, mais
j'ai pu en voir un bon échantillon. Les invités du moment
étaient Jacques Weber, dans la peau du grand créateur conceptuel
théatreux, et Laetitia Casta en meilleure découverte artistique
de l'année, confrontée au questionnaire freudien d'un Fogiel
transpirant. Il y avait aussi Pierre Palmade, Régine, Noël
Mamère, qui devaient chacun avoir une petite pub personnelle à
faire passer, mais je ne suis pas allé assez loin dans l'émission
pour savoir ce qu'ils avaient à vendre. Oui, mais Fogiel, ce n'est
pas Mireille Dumas. Alors au diable l'intimité et le calme, auxquels
on va préférer le foutoir de bons blagueurs qui vont détendre
l'atmosphère autant qu'ils vont taquiner tout ce petit monde. Dans
ce rôle, il y avait l'omniprésent et bronzé Franck
Dubosc, dont la belle gueule devait contrebalancer le volume de l'autre
vanneur en chef, à savoir Guy Carlier.
Car il faut le dire, c'est bien là que j'ai eu un choc. Non pas
à cause de sa parenté avec Jaba le hut, mais plutôt
à cause de sa présence sur le plateau. Il représente
la troisième fuite inattendue de france Inter à une place
où on ne l'attendait pas.
Après la métamorphose de Laurence Boccolini en perverse
dominatrice sur TF1, la surexcitation de Laurent Ruquier en clone de Dechavane,
Voilà que c'est Guy Carlier, le plus caustique des animateurs de
la radio qui vend son âme au diable pour se retrouver sous les projecteurs
de ce qu'il condamnait.
Comment des animateurs aussi lucides en apparence, dénonciateurs
de lobotomies, promoteurs de sursauts intellectuels, peuvent-ils se mettre
au service du système spectacle/audience qu'ils dénonçaient?
Il en résulte invariablement une perte de crédibilité
dès lors qu'ils trahissent de façon aussi visible leur intégrité,
et on peut se demander si les coups de gueules sont sincères ou
de simples tremplins pour accéder à la notoriété.
Je ne pouvais alors que me replonger dans
le monde intègre de Mario, où même les coups bas donnés
pendant les courses semblaient d'une virginale honnêteté.
21/09/2004
Lettre à Dieu le Fils (Jean-denis
Bredin)
Sous
forme d'une candide lettre adressée à Jesus, cet essai de
l'académicien est un véritable manuel de remise en cause
de son enseignement religieux, et de sa foi elle-même. Un style
simple et volontairement naïf, dont je ne peux que reprendre un passage:
"...Et ne serait-ce pas les interdits
qui se sont emparés du plaisir, ceux qu'on inventés vos
disciples et vos ministres, qui ont fait du plaisir sexuel -devoir ou
péché, acte de vertu ou geste maudit- l'expression exaltante
de l'amour de l'autre confondu avec l'amour de soi? Voyez tous les sentiments
qui s'avancent derrière cet amour défiguré: Je t'aime
donc tu es à moi. Je t'aime donc tu ne dois aimer personne d'autre.
Je t'aime donc ton corps, et ton coeur, et ta vie, et tes jours et tes
nuits, et ton passé et ton avenir sont à moi. Voyez, s'il
vous plaît, ce que nous avons fait de votre enseignement. "Aime
ton prochain comme toi-même", nous avez-vous répété,
"aimez-vous les uns les autres, aimez vos ennemis". Aime-toi
toi-même, voilà la seule leçon que nous ayons vraiment
retenue: aime-toi, aime ceux qui te sont proches, ceux qui t'appartiennent,
aime tes parents, tes frères et soeurs, ton compagnon de vie, tes
enfants, tes amis, aime ceux qui t'aiment et ceux qui te ressemblent.
Le reste? Le reste est le plus souvent indifférent et vite détestable.
Vous qui avez si bien parlé de l'amour, voyez le monde partagé
par chacun d'entre nous entre nos vrais prochains, nos prochains aimés,
et tous les autres qu'il faut négliger, écarter ou détruire.
Regardez ce que traîne avec lui ce sentiment que vous avez si bien
exalté: l'exclusion, l'appropriation, et aussi la jalousie, et
encore l'envie, la haine, tous ces sous-produits de l'amour humain. Pourquoi,
vous qui deviez connaître la nature de l'être que vous avez
créé, avez-vous sublimé ce mot redoutable qui recouvre
le meilleur et le pire? pourquoi avez-vous magnifié un sentiment
souvent égoïste et violent, dont votre église s'est
si bien servie pour asseoir sa puissance, un principe qui vite sépare
les bons et les méchants, alors que vous eussiez pu nous enseigner
simplement le respect des autres sans qu'il soit besoin d'invoquer l'amour
pour le légitimer, le respect de la vie, de la dignité de
chacun, et -pourquoi pas- nous enseigner la tolérance mais je présume
que ce mot vous déplaît?..."
20/09/2004
Calogero, ou la fin du spleen capillaire
Comme le précise bien T,
les références communes sont bien utiles, mais elles permettent
aussi visiblement de faire des découvertes pour peu qu'on sache
décoder les grands liens mystiques qui tissent la toile de notre
mystérieux univers, à l'image de la toile virtuelle qu'est
internet (à moins que ce ne soit le contraire). Dans un post,
il a ressuscité un antique vrai-faux groupe dans lequel les inconnus
se masquent sous les traits d'un groupe tourmenté, dont le nom
évoque un célèbre anxiolytique au dosage indisponible
dans le commerce. Cette résurrection possible grâce à
Bide et musique, que j'avais
déjà utilisé pour évaluer le potentiel artistique
de Patrick Topaloff, révélait un plus grand mystère
à quelques clics seulement de ce pauvre T qui ne se doutait de
rien. En effet, sur le même site, on pouvait découvrir les
inspirateurs de "vice
et versa", tant sur le contenu des paroles confuso-oniriques
que sur le look l'oréalo-mélancolique. Pour les plus jeunes,
il semble utile de rappeler que "Les
Charts" n'est rien d'autre que le groupe dans lequel a débuté
Calogero, bien avant de devenir célèbre avec son célèbre
tube "la meuf de l'ascenseur, elle est trop bonne".
A ce stade de ressemblance et de symbiose entre les deux groupes, on ne
peut que se demander si l'esprit "tranxenien" n'a pas fini par
convaincre Calogero de raccourcir ses bouclettes, et si ce n'est pas la
consommation d'anxiolytiques qui a eu raison de son spleen post-pubère.
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Tranxene 200 (1992) |
Les Charts (1992) |
19/09/2004
Uh Huh Her. PJ Harvey
Après un sage et académique Stories from
the city, stories from the sea, PJ revient à des sonorités
plus proches de ses premiers albums. Les musiques sont plus brutes, l'instrumentation
réduite, les arrangements sont moins fignolés, et l'ensemble
gagne en émotions, donne l'impression d'une sculpture taillée
dans un bloc, tout à la main, avec des coups donnés aux
bons endroits. Les performances vocales passent en second plan, pour renouer
avec les textes enragés, et au bénéfice de la force
musicale, sans pour autant rejoindre la profondeur électrique qui
caractérisait Dry. Un retour progressif aux sources, pour
prouver qu'elle n'est pas aussi sage que ce qu'on pouvait croire lors
de la sortie de son précédent album. La comparaison avec
Dry ne s'arrête pas là: elle a également
repris le parti de se montrer à son désavantage sur la photo
de couverture de l'album, confirmant qu'elle n'a pas besoin de se transformer
en femme-objet pour prouver son talent et son style si personnel.
17/09/2004 Petite
leçon de savoir nuire
J'allais initialement le rencontrer pour discuter des conditions
d'association qu'il proposait, mais il n'y a pas eu de discussion. Il
l'a dit lui même: Il n'y a pas à en discuter. Ni de la somme
exorbitante injustifiée, ni d'une possibilité d'étalement
des paiements, ni de son faux air compatissant, ni de son incapacité
à préparer son départ à la retraite, ni de
son statut de notable qu'il perdra tôt ou tard. Au cas ou le message
n'eut pas été assez clair, il a jugé bon de préciser
de façon intelligible: "il faut que tu réalises que
je ne suis pas là pour t'aider, mais pour défendre mes intérêts..",
probablement suivi d'un "...Je connais ta situation délicate,
mais ce n'est pas mon problème..", mais à ce stade,
je n'écoutais déjà plus, à penser que c'était
une étrange manière de chercher un associé et de
vouloir passer le relais.
On a beau être conscient de l'individualisme humain, on tombe toujours
de haut quand on y est personnellement confronté.
15/09/2004
Ensemble, c'est tout (Anna Gavalda)
A
force de rencontrer des lecteurs enchantés, les yeux illuminés,
et les bras chargés de ce gros pavé, j'ai vaincu mes réticences
et me suis décidé à m'attaquer au dernier livre d'Anna
Gavalda. Le premier constat est que son épaisseur est trompeuse:
il se lit bien, et vite. Très vite. Rien ne vient ralentir le récit
qui coule tout seul, pas même les situations et les dénouements
que l'on voit arriver de loin. Les personnages assez (arché)typés
ne parviennent pas vraiment à nous surprendre et manquent trop
de nuances pour faire autre chose que ce qu'on attend d'eux. Le quatuor
formé par Camille, l'écorchée vive névrosée,
Franck, le cuisinier bourrin au grand coeur, Philibert, le conservateur
anachronique, et Paulette, la grand-mère dépendante et lucide,
semble vouloir marteler avec insistance une moralité qui ressasse
la possibilité de s'aimer et de vivre ensemble en étant
très différents. La fluidité du contenu rend tout
de même la lecture agréable, mais l'exclue définitivement
du domaine de la grande littérature. ça tombe plutôt
bien pour un roman d'été, non?
13/09/2004
Dictat en mon Royaume
Petit nettoyage des liens, avec les retrouvailles
de Z et T qui m'ont tuyauté vers
des blogs enfin écrits par des personnes cérébrées,
comme P777 et
Dev/random. J'ai aussi décidé
de boycotter les blogs chiants et trop nombrilistes.
12/09/2004
Lettre à Eric Fottorino (en
réponse à son Edito
du 09/09/2004 sur l'"homéophobie")
Monsieur Fottorino,
Il est bien connu que les éditos
ne remplissent en rien la fonction d'articles d'actualité, et que
la liberté d'expression laisse libre cours à l'exposition
de vos opinions, mais lorsque les arguments évoqués sont
plus teintés de vos propres pratiques que de rigueur, ils ne peuvent
que susciter réaction et mise au point d'un certain manque de connaissances
de votre part.
Si l'on devait reprendre l'historique
de l'homéopathie, cette théorie repose effectivement sur
"...une méthode imaginée il y a deux siècles
à partir d'à priori conceptuels dénués de
fondement scientifique...". Par le mot scientifique, il faut
bien sur comprendre "démonstration" ou "preuve",
car il n'existe à l'heure actuelle aucune étude démontrant
une quelconque efficacité de ces méthodes.
On pourrait accorder le bénéfice du
doute, me direz-vous, mais accepteriez -vous réellement une médication
allopathique qui n'aurait pas prouvé son efficacité? Cela
semble peut probable par choix du patient, mais également du point
du vue du médicament, qui avant d'être commercialisé
doit subir un parcours très réglementé, et prouver
son apport bénéfique, contrairement aux traitements homéopathiques
qui ne sont pas soumis à ces règles...
Les preuves médicales peuvent être apportés de deux
façons distinctes: soit une compréhension du mécanisme
spécifique, soit par test comparatif avec un placebo, sachant que
cet effet, en absence complète de substance active, est réel
et non négligeable. Si on se penche sur les théories homéopathiques
qui prétendent que plus une substance est diluée (au point
de ne plus contenir une seule molécule du produit d'origine), plus
elle sera active, semble assez contraire à la logique, ce qui peut
conduire à déclarer que nous ne comprenons pas ce mécanisme
(s'il y en a un). En revanche, rien ne justifie l'absence d'essais contre
placebo (ou plutôt ils existent, mais n'ont jamais été
publié à cause du discrédit qu'ils jetteraient sur
ce filon juteux).
Vous semblez confondre
votre attaque contre certains représentants de la médecine
(que je ne peux que saluer tant leur vanité qui m'est familière
me repousse), avec les fondements même de la médecine occidentale,
qui est basée au contraire sur un questionnement permanent, chaque
réponse gênérant de nouvelles questions. Il est de
bon ton par les temps qui courent de dénigrer, voir mépriser
cette démarche de vouloir des preuves et de vouloir tout comprendre,
mais elle a tout de même été le principe de base qui
a fait progresser la médecine. Rendons-lui ses honneurs et laissons-lui
ces questions.
Mais si elle persiste sur son cap et sur sa philosophie de fond, c'est
qu'elle répond également à une demande de la population,
qui à une obligation de moyens, à rajouté une obligation
de résultats. La multiplication des plaintes à l'encontre
du corps médical témoigne de ce désir d'efficacité
à 100%, alors qu'il ne viendrait jamais à l'idée
de quiconque d'intenter un procès contre un homéopathe sous
prétexte que ses granulés n'ont pas donné de résultats.
A degré d'exigence différent, degré de rigueur différent.
Comment pouvez-vous argumenter
autour du nombre d'usagers de l'homéopathie? Si la moitié
des français sont croyants, est-ce la une preuve de l'existence
de Dieu? Si trois quarts de la population regardent les programmes de
TF1, est-ce là une preuve de la qualité de ses programmes?
Si la moitié de la population y a recours, cela veut seulement
dire que la moitié y croit, même si seulement une fraction
est utilisatrice exclusive de cette méthode, les autres s'en remettant
à l'allopathie dès que les problèmes deviennent plus
sérieux.
Si un nombre grandissant de médecins bifurquent vers l'homéopathie,
c'est indéniablement lié au confort de pratique: majoration
des tarifs de consultation, risque diagnostic néant, réservoir
de clientèle prometteuse, planification des journées sans
urgences ni déplacements.
Si ce nombre d'utilisateurs
persiste, et même augmente, c'est d'abord une recherche d'alternative
pour tous les échecs (et ils sont nombreux) de l'allopathie, mais
aussi par le même mécanisme qui fait perdurer les légendes
urbaines. Un "ça marche" qui franchit les foyers, et
une amnésie en cas d'échec. On n'a pas attendu la création
de l'homéopathie pour comprendre le degré d'implication
du psychique dans certaines pathologie, et que dans un grand nombre de
cas, l'organisme lui-même est son meilleur médicament.
Mais le propos initial,
qui semblait tant vous choquer concernait un éventuel déremboursement
de ces produits. Pour des raisons éthiques évidentes, la
commercialisation des placebos est interdite, même si leur utilisation
donne des résultats. Si l'effet bénéfique sur certains
patients doit être le critère de remboursement, alors pourquoi
ne pas rembourser les consultations de médiums, d'astrologues,
d'exorcistes, de marabouts, et tous les pèlerinages religieux?
Le plus choquant ne semble pas être la question du remboursement
ou du déremboursement, dans la mesure ou le coût individuel
est minime, mais le fait qu'il y ait une exploitation financière
de cette crédulité thérapeutique. Quand vous écrivez
"...pas digne des labos...", vous semblez oublier que les principaux
laboratoires d'homéopathie (Boiron, Dolisos, et Lehning) affichent
une prospérité digne des plus grands groupes pharmaceutiques,
et ne doivent la persistance du remboursement de leur produit qu'à
leur pression (et font preuve du lobbying que vous voulez dénoncer).
Cette prospérité se comprend d'autant plus quand on sait
que le coût de production est très faible (les excipients
ne coûtent quasiment rien), et qu'il n'y a aucun investissement
dans le domaine de la recherche. Et pour cause...
Pour les curieux, un site
très bien documenté explique la fumisterie ici
09/09/2004
Le retour de Johnny Vegas
J'avais accidentellement découvert son existence
en juin 2003, en voulant vérifier l'existence réelle des
sosies de leur triste vie par procuration. La perfection de son mimétisme,
allant jusqu'à la grimace reproduisant les interventions chirurgicales
successives du vrai Johnny, ne peut que s'admirer au travers de son site.
Je pensais ne plus jamais en entendre parler, jusqu'au jour ou une association
de gestion (celle là même qui organise des stages pour transformer
un autiste en bête de productivité) m'envoie
cette invitation:
Cette fois c'est sûr, il me poursuit.
08/09/2004
Pitoyable C.S.A.
Si l'été est la saison idéale pour
des lectures qui ramollissent le cerveau, à la limite du liquide,
il n'y a visiblement pas que la littérature de plage qui s'épanouie
dans cette vocation: la télévision le fait tous les jours
de l'année, et l'aveu vient de Patrick le Lay en personne, PDG
de TF1. A la lecture de son aveu on ne peut plus explicite ("...soyons
réalistes : à la base, le métier de TF1, c'est d'aider
Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Pour qu'un message
publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur
soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible,
c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer
entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du
temps de cerveau humain disponible. Rien n'est plus difficile que d'obtenir
cette disponibilité."), on pourrait s'attendre à
une réaction de la part du CSA, garant du bon contenu moral et
éthique de la petite lucarne. Nous pouvons donc adresser un chaleureux
remerciement à Dominique Baudis qui préfère ne pas
faire de commentaires sur cette déclaration, mais censurer une
paire de seins à 20h30. C'est vrai, quoi...c'est tellement dégradant
un paire de seins...
07/09/2004
Le Célibat tue (Post
dédicacé à ma chère et tendre Émerveillée
et à toutes les Bridget Jones trentenaires)
C'est dans un article
du Monde qu'on apprend que le célibat est un perfide facteur de
risque, visiblement plus important que la cigarette, le vin, et l'angoisse
de prendre du poids. Et que se passe-t-il si on cumule toutes ces caractéristiques?
06/09/2004
La loi des séries
Une partie de mon enfance (pas la petite, la "moyenne"),
a été, comme chacun, bercée par une cohorte de séries
télévisées. Si j'étais un fan inconditionnel
et incollable sur Star Trek, je ne crachais pas sur un petit
épisode de Cosmos 1999, ou un bon Mystères
de l'ouest, sans oublier le jubilatoire Amicalement votre.
Par je ne sais quelle magie, cet attrait a complètement disparu,
et tous ceux qui ont tenté de me convertir à leurs séries
cultes actuelles, parait-il orientées pour les trentenaires, se
sont cassés les dents. Je ne vois que des vaudevilles exhibant
des acteurs grimaçants et sans nuances, couverts par une couche
de rires synthétiques peu crédibles. La preuve formelle
de mon ignorance en la matière, c'est que je n'arrive pas à
reconnaître les comédiens populaires qui font la couverture
de Télé Star. Même le nom ne me dit rien. Je suis
largué.
Au milieu de ce néant, il y a quand même une série
dont je connais les personnages, pour la simple raison que je cohabite
avec une inconditionnelle: Il s'agit d'Urgences, la série
des histoires de coeur et de cul sur fond de transfusion, massage cardiaque,
amputation, et crachats tuberculeux. C'est généralement
dans un coin avec un livre, ou devant mon ordinateur, que je suis du coin
de l'oeil les aventures du brillantissime Carter, qui avait fini la saison
dernière dans une torride escapade Africaine en compagnie du charmantissime
Kovac. Devant l'enthousiasme manifesté dans le courrier des fans
face à l'introduction de cet exotisme, les scénaristes ont
décidé d'en remettre une couche pour la nouvelle saison
, avec un retour sous l'équateur. Mais la surenchère ne
s'arrête pas là; Si l'année dernière il y avait
une infirmière à la plastique parfaite au bout du voyage,
il y en avait cette fois-ci deux... A croire que toutes les infirmières
qui pourraient caresser une carrière de top model s'engagent dans
l'humanitaire.
Face à un tel constat qui laisse perplexe, j'hésite encore
entre deux conclusions: dois-je définitivement considérer
que cette série est déconnectée avec la réalité,
ou dois-je m'engager avec médecins sans frontières...?
04/09/2004
Un secret
( Philippe Grimbert)
Quand
on découvre à 15 ans que son histoire n'est pas du tout
celle qu'on imaginait, que ses racines ont été ensevelies
sous des tonnes de non-dits, que l'histoire de sa famille est dissimulée
derrière des tabous, on ne peut que découvrir les cours
d'histoire sur la seconde guerre mondiale d'une autre façon. Cette
autobiographie est touchante, sombre, et très juste, même
si les influences psychanalytiques de l'auteur ressortent quelquefois
un peu trop au travers de certaines auto-analyses.
02/09/2004
Flagrant délit de corporatisme
Et si les deux otages français détenus en Irak avaient été
des plombiers? La presse se serait-elle autant mobilisée? Aurait-on
entendu le président du syndicat des plombiers de France, expliquant
à quel point ce sont des hommes dévoués, toujours
prêts à servir leurs concitoyens et la patrie? Aurait-on
déployé des grandes photos de chauffe-eau sur la façade
de la mairie de Paris? Aurait-on organisé une exposition de robinets
pour ne pas les oublier? |